Suggestion: C’est joli pour ceux qui possèdent le français èt le néerlandais de commencer ce site de web deux fois, un avec la texte de Christian (par exemple « Jour 42: 22 juillet ») et l’autre avec « donderdag 22 juli ». Vous allez lire de la même situation, écrit par deux différentes personnes.

Pour les autres il se trouve que les textes ne sont pas accompagnés toujours avec des photos identiques. Et .... avec le « Google-translator » c’est toujours possible de traduire!

Le indicateur pour l’an de la caméra de Christian était dérégulée depuis 23-06-2004 (entre Gabas et le Chemin de la Mâture).

Christian Lamarche écrivait la texte ci-dessous

 

 Christian Lamarche

  "l'homme au parapluie"

'

 

< 10 juin [Hendaye] - 26 juin [Arrens] >      < 27 juin [Arrens] - 8 juillet [Bagnères de Luchon] >

 

< 9 juillet [Bagnères] - 21 juillet [Goulier] >

 

< 22 juillet >     < 23 juillet >      < 24 juillet >      < 25 juillet >      < 26 juillet >      < 27 juillet >

 

< 28 juillet >      < 29 juillet >       < 30 juillet >      < 31 juillet >      < 1 août >      < 2 août >

 

< 3 août >      < 4 août >      < 5 août >

 

 

 

Jour 00 : Jeudi 10 juin 2004 - (Hendaye)  -  (1er tronçon : ancien casino – hôtel)

Il est 18h 30. Je m’équipe sur le remblai pour commencer le premier tronçon de mon GR 10, à peine 3km ! Un rien ! Une petite photo ... avant le départ !

 

Jour 01 : Vendredi 11 juin 2004 - (Hendaye – Olhette)

Jour 02 : Samedi 12 juin 2004 - (Olhette – Sare)

Jour 03 : Dimanche 13 juin 2004 - (Sare – Bidarray)

Jour 04 : Lundi 14 juin 2004 - (Bidarray – L’Espar, Saint Etienne de Baïgorry )

Jour 05 : Mardi 15 juin 2004 - (L’Espar, Saint Etienne de Baïgorry – Saint Jean Pied de Port)

Jour 06 : Mercredi 16 juin 2004 - (Saint Jean Pied de Port – Phalgaccette)

Jour 07 : Jeudi 17 juin 2004 - (Phalgacette – Chalet d’Iraty)

Jour 08 : Vendredi 18 juin 2004 - (Chalet d’Iraty – Logibar)

Jour 09 : Samedi 19 juin 2004 - (Logibar – Saint Engrâce)

Jour 10 : Dimanche 20 juin 2004 - (Saint Engrâce – Arette, La Pierre Saint Martin)

Jour 11 : Lundi 21 juin 2004 - (Arette, La Pierre Saint Marin – Lescun)

Jour 12 : Mardi 22 juin 2004 - (Lescun – Etsaut)

Jour 13 : Mercredi 23 juin 2004 - (Etsaut – Refuge d’Ayous)

Jour 14 : Jeudi 24 juin 2004 - (Refuge d’Ayous – Gabas)

Jour 15 : Vendredi 25 juin 2004 - (Gabas – Gourette)

Jour 16 : Samedi 26 juin 2004 - (Gourette – Arrens)

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 17 : Dimanche 27 juin 2004 - (Arrens – Refuge d’Ilhéou)

Demain, grasse matinée ! Il faut que je sois à Cauteret pour 14h. Je vais récupérer la clé, puis faire ma lessive au camping. Départ vers 9h!

Demain, ça va être une bonne journée. Je vais retrouver ma petite femme chérie.

 

Jour 18 : Lundi 28 juin 2004 - (Refuge d’Ilhéou – Cauteret)

Je me réveille à 7h, en pleine forme. Un coup d’œil dehors : pas un nuage autour du chalet et sur le lac. En bas, dans la vallée de Cauteret, cela forme une mer toute blanche.

......

Nous finissons de déjeuner tranquillement. Puis, nous préparons nos sacs. Après avoir payé, j’écris un peu pour bien commencer la journée. Hier soir, j’ai changé ma carte mémoire de mon appareil photo. J’ai déjà fait 303 photos depuis le début.

......

Vers 16h, la troupe arrive. Ils ont mis 9h 30 tranquille. Retrouvailles et gros bisous. Tout le monde est content. On s’installe. Claudie et moi allons nous mettre dans la chambre au grand lit. Phil et Sylvain dans la 2e petite chambre et les deux autres garçons sur les banquettes du salon.

.....

Tout le monde prend une douche, moi aussi, et met du linge propre. Puis, nous allons nous promener dans Cauteret, et faire quelques courses pour le soir : melons, jambon, saucisson, fromage, gâteaux, rosé et bières!

J’ai dit à Claudie qu’une de mes chemises est à jeter. Elle m’achète un sweet ultra léger et un gilet de montagne. Elle s’achète une paire de sandales, puis nous faisons encore quelques achats et nous rentrons.

Nous dînons en regardant la télé. Je raconte un peu mes aventures. Il y a tant à dire ! Puis, nous jouons aux cartes. Je leur mets une plumée au rami !

Tout le monde est fatigué. Nous allons nous coucher. Il est 23h déjà. C’était une très bonne journée.

 

Jour 22 : Vendredi 02 juillet 2004 - (Cauteret – Luz Saint Sauveur)

Le réveil a sonné à 5h 50 ! Le temps de faire un petit bisou à Claudie, et il est déjà 6h. Debout les paresseux ! Mes affaires sont prêtes. J’ai tout préparé hier soir. Je m’habille, mange quelques fruits secs, et mets mes chaussures. Claudie fait une dernière photo sur la terrasse, et il est 6h 20 quand je décolle ! Adieu Cauteret et son camping !

 

 

Jour 23 : Samedi 03 juillet 2004 - (Luz Saint Sauveur – Barèges)

Le réveil a sonné à 5h 50, comme hier. Quelques étirements chevilles, genoux, et lorsqu’il sonne à nouveau à 6h, je suis en train de plier les couvertures. Tout est prêt. Je grignote un peu.

A 6h 20, je suis dehors ! Après 100m, je traverse le pont et prends à gauche, sur le GR 10 qui m’attend. Depuis Cauteret, c’est un chemin que je n’ai jamais pris, car j’avais pris depuis le Pont d’Espagne par le lac de Gaube et Gavarnie ! C’est la grande découverte ! J’ai moins de dénivelé que la veille. Hier, j’ai quand même fait 1036m en positif, et 1229m en négatif : soit 2265m en tout ! Il fallait les faire !

 

Jour 24 : Dimanche 04 juillet 2004 - (Barèges – Refuge d’Orédon)

Le réveil sonne à 5h 50, et à 6h je suis déjà debout. Le gérant m’a conseillé de ne prendre que la route pour rattraper le GR à 4km de là. Sinon, il prend une fois à gauche de la route, une fois à droite, pour pas grand-chose.

Je finis de ranger. Je mange une barre et quelques fruits confis, puis je descends, sans bruit. Mes chaussures sont en bas. Je récupère mon parapluie et mon bâton, et en route.

 

Jour 25 : Lundi 05 juillet 2004 - (Refuge d’Orédon – Azet)

Le réveil a sonné à 5h 50, et lorsqu’il sonne pour la deuxième fois, je suis déjà debout. Mes quatre compagnons de chambrée dorment. Je m’habille, ramasse mes affaires sous mon bras ainsi que mon duvet et descends dans le hall.

 

Jour 26 : Mardi 06 juillet 2004 - (Azet – Germ)

Ce matin, le réveil a sonné à 7h 50 ! Mais j’étais déjà réveillé. Hier soir, avec le patron, après avoir papoté, j’ai décidé de faire la grasse matinée. Le topo donne le trajet en 4h, je mettrai 5h 30 - 6h avec les arrêts. Ce n’est pas la peine que j’arrive à midi ! De plus, je pense pique-niquer près du lac de Loudenvielle.

 

Jour 27 : Mercredi 7 juillet 2004 - (Germ – Refuge du lac d’Oô)

Le réveil sonne à 5h 40. A 5h 50, je suis levé ! J’ai entendu la pluie et le tonnerre une bonne partie de la nuit. Ça a soufflé dur ! Hier soir, après avoir fait un bisou à Claudie et éteint la lumière, je me suis mis sous la couette pour dormir. Mais dans la salle en dessous ils jouaient au billard et faisaient un bruit d’enfer ! Heureusement, ça s’est calmé, sinon je descendais !

 

Jour 28 : Jeudi 8 juillet 2004 - (Lac d’Oô – Bagnères de Luchon)

Le réveil a sonné à 5h 55. Je suis debout à 6h pile ! Je mange quelques fruits secs en pliant les couvertures. J’ai eu chaud, mais tout juste. Dans la nuit, je m’étais un peu découvert et j’ai été réveillé par la sensation de froid.

Juste avant de dormir, j’ai constaté comme la gérante l’avait dit, que l’on entendait bien le bruit de la cascade de l’autre côté du lac. Mais cela ne m’a pas empêché de dormir. J’avais fermé la petite fenêtre !

 

 

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 29 : Vendredi 9 juillet 2004 - (Bagnères de Luchon – Cabane des Courraus)

Ce matin, j’ai mis la première sonnerie à 5h 30 et la deuxième à 5h 45. Je me lève, et plie les couvertures : non, c’était une couette ! Bien chaude. Je mange en rangeant, et à 6h pile, je suis dehors, après avoir remis la clé au clou, comme me l’avait demandé le patron.

 

Jour 30 : Samedi 10 juillet 2004 - (Cabane des Courraus – Fos)

J’ai passé une très bonne nuit, bien au chaud. Je me suis couché hier soir vers 19h ! Une vraie poule ! Un record ! Mais, j’étais très fatigué puisque je m’étais levé à 5h 30, et que j’avais quand même fait une belle course de 10h 30. Et puis j’étais tout seul, personne avec qui papoté, pas de télé pour me faire traîner ! De plus j’avais très froid !

Hier soir, je me suis réveillé vers 20h 30. Je suis sorti quelques minutes et j’ai aperçu un isard, en haut, un peu à gauche, à 50m. Il soufflait par les naseaux pour m’intimider, puis s’est sauvé derrière la barre rocheuse.

 

Jour 31 : Dimanche 11 juillet 2004 - (Fos – Refuge d’Araing)

Ce matin, le réveil sonne à 5h 30. Je m’étais réveillé depuis un bon moment car l’espagnol ronflait dur ! Je suis descendu aux toilettes à 3h 50 ! C’est bon, les portes ne font pas de bruit !

Je plie les couvertures et ramasse mon duvet. J’ai ma montre, mes lunettes et ma frontale. C’est bien, je descends sans bruit. Je m’habille rapidement, je plie mon duvet et range le reste.

 

Jour 32 : Lundi 12 juillet 2004 - (Refuge d’Araing – Eylie)

Ce matin, le réveil a sonné à 7h. A 7h 05 je suis debout. Dans la grande salle ; les trois randonneurs se préparent. Ils vont dépasser Eylie et aller coucher dans une cabane plus loin. Je vais faire un tour dehors : pas un nuage, mais le temps est frais. Mais on est quand même à 1950m !

Le temps de parler aux autres, les nuages sont montés d’un coup. Les trois randonneurs matinaux déjeunent. Je vais réveiller Jean. Nous prenons aussi un petit déjeuner copieux.

 

Jour 33 : Mardi 13 juillet 2004 - (Eylie – Cabane de l’Artigue)

J’ai mis le réveil à 6h. Je ne l’ai pas entendu, et je me suis levé à 6h 20 ! Vite, pliage, rangement et quelques fruits secs. WC, livre d’or, et à 6h 50 je suis dehors. Jean, mon marcheur d’hier n’est pas revenu ! Le couple d’hier soir n’est pas encore levé. Je prends de l’avance !

 

Jour 34 : Mercredi 14 juillet 2004 - (Cabane de l’Artigue – Cabane d’Eliet)

Hier soir, avant de se coucher, alors qu’on allait rentrer dans la cabane, nous avons vu, là haut, sur l’éperon herbeux, les deux randonneurs qui nous faisaient des signes. En criant, on leur a donné rendez-vous pour 7h 30, demain matin. OK !

 

Jour 35 : Jeudi 15 juillet 2004 - (Cabane de l’Artigue – Esbint)

J’ai passé une bonne nuit, bien au chaud. Vers 4h du matin, les tahitiens et moi sommes descendus pour une envie pressante. La nuit était étoilée. Nous avons observé la Grande Ourse et vu une étoile filante. Puis dodo jusqu’à 7h 30.

 

Jour 36 : Vendredi 16 juillet 2004 - (Esbint – Cabane d’Aula)

Le réveil sonne à 7h. Tout le monde est déjà éveillé. A 7h 05, je commence à ranger. Je plie mon linge et prépare mon sac. Puis, je vais voir la dame du gîte pour lui dire que l’on prendra des petits déjeuners.

Nous la paierons après. Nous nous préparons. La dame vient nous dire que c’est prêt : nous prenons le petit déjeuner dans sa salle à manger. Nous papotons de choses et d’autres. Gila, c’est son nom, est d’origine allemande.

 

Jour 37 : Samedi 17 juillet 2004 - (Cabane d’Aula – Rouze)

Vers 5h et quelques, nous avons bien entendu Ian remuer. Un bruit de porte en fer nous a indiqué qu’il sortait vers 5h 45 ! Il fait toujours un vent pas possible. J’ai dormi avec le duvet jusqu’aux yeux ! Je suis sûr que le vent, qui faisait vibrer les tôles du toit, a dû souffler entre 80 et 100km/h  cette nuit !

 

Jour 38 : Dimanche 18 juillet 2004 - (Rouze – Bidous)

Le réveil a sonné à 7h, et j’étais déjà debout à la deuxième sonnerie de 7h 05. J’appuie sur le bouton de la cafetière, car la dame avait tout préparé hier soir.

Je fais quelques exercices pour me dérouiller : je sens un peu mes genoux. Les dénivelés d’hier ont laissé des traces. Pourtant j’ai mis un peu de baume Kamol sur les chevilles et les genoux, et j’ai bien massé : ça pourrait donc être pire !

 

Jour 39 : Lundi 19 juillet 2004 - (Bidous – Aulus)

Le réveil sonne à 7h. J’ai très bien dormi, bien au chaud. J’ouvre les volets intérieurs : il y a de petits nuages d’altitude, et le ciel est bleu, les oiseaux chantent. Super !

 

Jour 40 : Mardi 20 juillet 2004 - (Aulus – Refuge de Bassiès)

Le réveil sonne à 6h 30. Je suis réveillé. Cette nuit, j’ai entendu deux ou trois grondements de tonnerre, mais cela n’a pas continué. Il a dû pleuvoir un peu car dehors c’est humide.

6h 35, je suis debout. Rangement du sac, toutes mes affaires sont propres. J’ai encore un peu de nourriture. Cela va aller jusqu’à Auzat, avant Goulier.

J’ouvre les fenêtres en grand, car il y a de la buée sur les carreaux. Dehors, le ciel est bleu, et il y a de petits nuages blancs. Il va faire beau pour la montée au refuge de Bassiès. Je crois que je vais me mouiller les pieds dans le lac avant.

 

Jour 41 : Mercredi 21 juillet 2004 - (Refuge de Bassiès – Goulier)

Le réveil sonne à 7h. Je suis déjà réveillé, et j’ai fait quelques exercices d’assouplissement dans mon lit. Chaque petit dortoir a un nom sur la porte, et en bas, à la porte des chambrées, le gérant avait inscrit sur une ardoise le nom des occupants. J’étais seul dans le dortoir de quatre, appelé FOUNT.

 

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 42 : Jeudi 22 juillet 2004 - (Goulier – Siguer)

Ce matin, je suis réveillé par les deux anglais qui se sont levés à 6h, et qui commencent à se préparer dans la pénombre du petit matin. Puis, ils descendent. Le couple prépare leur petit déjeuner, et je sens bien, toujours dans mon duvet, à l’étage, l’odeur du jambon qui cuit avec les œufs. Des purs !

…..

J’ai 400m de dénivelé pour atteindre Lercoul. J’arrive dans ce petit village vers 11h 50. Je m’asperge de bon cœur à la fontaine pour me rafraîchir un peu. Je me repose quelques minutes à l’ombre. Des enfants promènent leur chien, et le baignent dans la fontaine.

.....

Puis, je reprends la route. C’est une belle descente dans les bois, dans un chemin bordé de murets, souvent éboulés. De temps en temps, je sors mon parapluie, car depuis le col, le soleil chauffe dur ! Il vaut mieux être à l’ombre aujourd’hui. Enfin, vers 12h 30, j’arrive en vue de Siguer.

Je rejoins le village en arrivant par le terrain de boules et l’église. Je retrouve facilement la salle des fêtes et son petit local où je vais passer la nuit. Je suis seul pour l’instant. Mais, les deux anglais arriveront dans l’après midi. Il est 12h 45. Je déballe mes affaires et mets mes sandales. En face, dans la cour de l’ancienne école, les logements sont loués. Il y a du monde. Je vais prendre une bonne douche, et je mets des affaires propres. Ça fait du bien! Je vais téléphoner à Claudie à la cabine, dans le bas du village. Elle disait au revoir à Françoise qui reprenait son travail. Bisous à tous ! Je reviens à la salle. Puis, je casse une petite croûte. Je m’allonge un peu pour me reposer.

Vers 14h 15, deux hollandais arrivent : un couple, la cinquantaine, sympathiques. Ils viennent de Vicdessos, et vont dans le même sens que moi. Ça va faire de l’ambiance ! Nous papotons un peu, et regardons la carte pour demain.

Vers 15h 15, le couple d’anglais arrive à leur tour. Je suis arrivé 2h 45 avant eux, sans forcer. Comme ils étaient partis 45 min avant moi ce matin, j’ai mis 3h 30 de moins pour faire le même parcours : c’est beaucoup. Si la course avait été de 9h, ils arriveraient à la nuit! Ça parle anglais avec les autres. Ils parlent beaucoup trop vite pour que je comprenne quelque chose. Ils se préparent à manger. Moi, j’écris un peu à l’intérieur, car il fait très chaud dehors : la cour est inondée de soleil.

Ils ont sorti une table et des chaises, ainsi qu’un banc. Sur le côté, l’ombre s’allonge doucement. Je vais rincer mes affaires du jour. La néerlandaise l’a fait aussi. Cela va être vite sec. La dame d’en face nous prête son étendoir.

Nous discutons moitié anglais, moitié français, le hollandais traduit pour tout le monde, car il se débrouille très bien en français. Mieux que moi en anglais ! Avec un petit effort, tout le monde se comprend.

On sort une autre table et des chaises pour chacun : il fait 35° à l’ombre ! Le hollandais met son thermomètre au soleil, et 10 min après il est déjà monté à 55° ! Aïe ! Pas étonnant que ça tape sur le ciboulot ! C’est la première journée de grosse chaleur.

Demain, si il fait aussi chaud, je partirai de bonne heure. Pour rejoindre la cabane de Clarans, il y a 9h au topo ! De la folie par un temps aussi chaud ! On est à découvert une grande partie du parcours : cela va faire du 11h ou 12h de marche!

Nous discutons encore un peu. Puis, j’écris encore. Ensuite, je pars faire un tour dans le village. Je discute avec le mari de la présidente du comité des fêtes.

.....

Sa femme sort pour discuter une minute aussi. Je lui dis que nous sommes 5 randonneurs dans la petite salle. Elle me propose, comme l’an dernier, des boissons de la salle des fêtes. Elle revient avec moi. Je prends 2 bières : 3€. Les autres, ravis, prennent bières et cocas. Dommage que la boisson ne soit pas au frigo !

Puis, comme ils ont commencé à dîner, je mange également. Je finis ma boîte de pâté et mon demi crotin de fromage de chèvre, entamé ce midi. Il est temps de le manger : je l’avais acheté à Rouze, cinq jours plus tôt. Avec une rondelle de saucisson, le dîner est clos.

Je range, et écris. Je vais aussi préparer mon sac, prêt à partir. Je mets ma montre à 5h 30, pour un départ à 6h au plus tard. Il va faire chaud l’après-midi. Tout à l’heure, je vais aller passer un coup de fil à Claudie. Demain, il y a beaucoup de dénivelé. Je monte 1100m, et je descends 800m ! Ça va être dur !

Il est 19h 30. Je vais à la cabine pour un dernier coup de fil. Pas de chance, la ligne est indisponible ! Ça ne passe pas. Je reviens et prépare mon lit. J’y retournerai tout à l’heure, juste avant de me coucher. C’est à 300m, vers le début du village. Un rien !

 

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

 

Jour 43 : Vendredi 23 juillet 2004 - (Siguer – Cabane de Clarans)

Ce matin, le réveil a sonné à 5h 30! Je suis tout de suite debout. Il fait très sombre ; mais tout est prêt : affaires, chaussettes et WC. Je grignote une barre de céréales et quelques fruits secs, un peu de lait concentré: il en reste encore!

Je m’apprête, sans bruit. Je plie le duvet. Quand le sac est sur le dos, il est 6h pile ! Les 2 hollandais se sont levés, juste après moi. Hier soir, ils ont mis des bancs les uns à côté des autres et ont dormi dessus ! L’anglaise, elle, a installé des bancs dans le petit couloir et a couché dehors tellement il faisait lourd dans la soirée.

C’est vrai qu’hier, il a fait tiède, et j’ai dû dormir par dessus le duvet une bonne partie de la nuit. Mais, ce matin, j’étais dedans ! Il faisait plus frais au petit jour !

Au revoir, à tout à l’heure ! 5h 45 ! Les anglais sont encore couchés ! Je file dans la rue, et reprends le GR 10, par une petite ruelle à droite. Il fait à peine jour, et j’ai du mal à distinguer le sentier. Heureusement que je n’ai pas à chercher les marques !

Je dois parvenir au premier village au dessus : Gestiès, village que j’ai aperçu depuis le col de Lercoul, la veille. Je coupe, au début, deux fois la route, puis le sentier serpente sur un chemin souvent bordé de murets. Je parviens au village 35 min après. Coup à boire à la fontaine.

…..

Je repars. J’ai déjà grimpé de 200m, et je sais que ça va encore monter dur ! Je croise des maisons en ruines. Il y a plein de terrasses, maintenant couvertes d’arbres. Jadis, cela devait être en foin.

Je dois arriver au premier col, c'est-à-dire sortir de la forêt : le col de Gamel, à 1390m. Ça monte toujours. Enfin, j’arrive au col : arrêt boisson, je regarde la carte et repars.

A un moment, le sentier court presque horizontalement à flanc de montagne. J’arrive au bout et me retourne : j’aperçois les deux hollandais qui débouchent sur ce chemin, tout là bas. Ils sont à 1/4h, 20min derrière moi. Zoom: photo....

Puis, je tourne carrément et le GR attaque droit sur la butte herbeuse, très raide. C’est même pratiquement vertical ! Enfin, j’arrive au col de la Lène à 1708m. Il fait chaud, et il y a des nuages loin dans la plaine.

De place en place se dressent de petits escarpements rocheux. Je sue beaucoup et peine dans cette montée. Je me force à marcher d’escarpement en escarpement, et en faisant halte à chaque.

Je suis la crête, et je grimpe tout droit jusqu’en haut du Pla de Montcamp à 1904m. Dans la montée, j’ai entrevu mes deux suiveurs qui doivent peiner autant que moi ! Ils se rapprochent.

Heureusement qu’il y a de courts piquets pour baliser le GR. Sur l’herbe et sans rocher, aucune marque n’est visible de loin, et la trace n’est plus bien marquée. Un frisson me parcourt le dos : je n’aimerais pas traverser cet endroit un plein dans les nuages !

Je passe le sommet, le Pla de Montcamp, marqué par un amas rocheux et un grand piquet.

Je cherche un peu la bonne direction et redescends jusqu’au col de Sasc à 1798m.

…..

Ça y est, mes deux hollandais descendent du sommet. Je vais les attendre. Tout à l’heure, j’ai voulu que le monsieur me prenne en photo et je me suis frotté contre le poteau en bois : total j’ai une écharde dans la fesse! Aïe! Je réussis à l’enlever! Quelle andouille!

Ça y est, le groupe s’est reformé. Ils se reposent quelques minutes et nous repartons. Merci monsieur. On se souhaite bonne route.

.....

Nous franchissons la butte dans un grand arc montant et arrivons à la cabane de berger, le Courtal Marti, à 1812m.

Juste à ce moment, une voiture arrive. Je reviens un peu en arrière et papote avec les deux bergers. Ils ont 800 vaches dans les estives. Elles paissent, par groupe, dans toute la montagne. Ils ne viennent que de temps en temps.

.....

Le temps que je cause avec les deux bergers, les 2 hollandais sont partis devant. Le couple et ses deux enfants sont redescendus de ce côté. Je discute un moment avec eux en marchant.

Je ne m’arrête pas à la petite cabane de trois places à peine dans laquelle j’ai mangé une barre à l’abri l’an passé.

Je rejoins un escarpement rocheux avant la descente dans la vallée. Je resserre mes chaussures. Le couple ne va pas plus loin. Au revoir.

Je retrouve mes deux randonneurs à mi-pente, assis au bord du chemin, en plein soleil. Je leur dis que j’avance un peu plus loin, pour chercher de l’ombre.

J’arrive enfin dans cette petite vallée très étroite dans laquelle coule un petit torrent : le Balledreyt. Je laisse la cabane un peu en ruines, et rejoins le ruisseau. Un couple et un enfant sont arrêtés à l’ombre. Ils se reposent près d’un rocher et l’enfant joue dans le courant.

Je continue un peu plus loin, et trouve un joli petit coin à l’ombre. J’ôte mes chaussures et chaussettes, et mets les pieds dans l’eau : c’est agréable. Puis, je commence à manger. Les deux hollandais me rattrapent, et posent leur sac à dos pour faire la pose déjeuner.

Il sort un système de pompe avec une cartouche qui filtre et purifie l’eau. Il n’y a que les virus qui passeraient : tout le reste est filtré ! Il fait le plein et remplit ma gourde également. Ils ne mettent pas les pieds dans l’eau. Pas le temps ! Je me prépare. Nous repartons.

Nous devons descendre jusqu’à la Jasse du Sirbal, à 1350m. Nous franchissons le petit ruisseau et remontons dans la forêt. Les lacets sont raides et serrés. Nous faisons de nombreux arrêts, ça grimpe vraiment très, très dur. Nous atteignons enfin le col de Sirmont, à 1693m.

Là, nous entendons parler fort dans les genévriers : ce sont deux dames qui ont perdu le GR. Nous les mettons sur le bon chemin.

Puis, après une petite lande, nous attaquons la forêt. Nous devons descendre 650m ! C’est très, très long.

Nous faisons quelques petites pauses, pour reprendre notre souffle. Je me suis mis entre les deux. Le hollandais avance plus vite que moi, mais je suis plus à l’aise en montée que sa femme. L’attendre me permet de marcher à un mon rythme.

A un arrêt où nous posons nos sacs, le hollandais, qui a l’air de s’y connaître en fleurs me montre des orchidées sauvages : c’est très joli ! Leurs formes rappellent bien celles du commerce !

Bien qu’à pied, je prends le temps de regarder le paysage, mais je n’ai jamais pris plusieurs minutes pour me pencher sur les fleurs au bord du chemin et pour observer comment elles sont faites !

Après 2h 30 de descente, qui m’ont paru vraiment longues, nous arrivons au pont sur l’Aston, au lieu-dit Coudènes, à 1040m. Là où je m’étais trompé l’an passé !

Juste après le pont, nous prenons à gauche, un sentier qui monte doucement dans les bois. 10min après, nous arrivons à la cabane de Clarans. Personne ! Nous prenons possession des lieux. Son état n’a pas changé : très frustre. Une porte, une cheminée et un bas flanc en bois sans rien dessus!

Il est 18h passées. J’ai mis plus de 12h pour cette course ! Pas étonnant que je sois un peu fatigué !

A cinquante mètres sur la gauche, un petit filet d’eau coule en lisière de bois. J’y vais pour faire une bonne toilette rafraîchissante : le gant passe partout et la serviette frictionne et chasse les moustiques !

Ensuite, je vais aider le hollandais à faire de l’eau, pour lui et pour moi. Puis, je prépare mon lit. Cette nuit, nous allons coucher à la dure sur des planches de bois. Je l’ai déjà fait, l’an passé. Je commence à écrire, attaqué par les taons et les moustiques : une vraie plaie ces taons ! A chaque fois qu’ils piquent, ils attendent la claque qui va les tuer et me soulager ! Un peu stupide comme méthode !

Puis, c’est l’heure du repas. J’essaie le portable. Aucune barre ! Bon, tant pis ! Ah ! Une barre devant la porte, deux en se tournant vers l’extérieur. Vite un petit coucou à tout le monde : Claudie, Tophe et Cath. Oui, je suis bien arrivé, crevé. Tout va bien.

Je finis la boîte de pâté de campagne avec mon couteau, car je ne trouve plus mon petit ensemble cuillère fourchette. Mes voisins me donnent une grande tasse de soupe : jus de vermicelle, très chaud, très bon. J’ai la langue qui fourmille ! Un bout de fromage et j’ai fini.

J’écris encore un peu pour me mettre à jour : c’est agaçant, toutes les deux secondes, d’essayer de chasser les bestioles qui m’attaquent de tous les côtés !

Puis, nous allons tous les trois faire de l’eau pour être tranquille demain matin. Toujours pas de trace des anglais qui sont partis derrière nous. Je crois qu’ils ont une tente ! Ils vont coucher en route !

Il est 20h 45. Je sens que je vais aller m’envelopper dans mon duvet, pour me protéger de la gente ailée ! Ils ne pourront pas m’attaquer !

 

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

Jour 44 : Vendredi 23 juillet 2004 - (Cabane de Clarans – Refuge de Rulhe)

Cette nuit a été réparatrice et fraîche. Ils avaient laissé la porte de la cabane ouverte. Hier soir, ça allait ; mais ce matin, j’étais bien dans mon duvet !

Nous n’avons pas vu d’anglais. Il aurait fallu se serrer car comme l’an passé, il manque encore deux planches au bas flanc ! C’est bizarre que cette cabane ne soit pas améliorée d’une année sur l’autre !

Réveil à 6h et debout à 6h 03 ! Dans la pénombre du petit jour, nous nous préparons.

Habillage, pliage du duvet, et rangement. Puis, je mange quelques fruits secs, des abricots et des pruneaux et du lait concentré, c’est presque la fin !

Puis, je vais aider les deux hollandais à faire le plein d’eau, et le mien aussi. On en a utilisé plus que prévu hier soir. On ne sait jamais, si le resto du plateau de Beille était fermé, il n’y a plus de source sur le plateau de Beille ! Bon, un samedi, ça m’étonnerait !

A 6h 37, je suis parti et ils m’emboîtent le pas, 20m derrière moi. Après quelques minutes de chauffe, ça va mieux. Ce matin, j’ai du mal à prendre le rythme. Tranquillement, je commence à grimper dans la forêt. Je prends un peu d’avance.

A un moment, j’entends du bruit, et j’aperçois deux gros sangliers et trois petits marcassins, sur l’autre flanc à 50m dans le bois. Leur pelage se confond avec la couleur des feuilles. Quand ils ne bougent pas, on a du mal à les voir !

Je pose mon sac et sort l’appareil. Je grimpe quand même sur un énorme rocher, on ne sait jamais ce qu’ils peuvent faire. Les sangliers sont cachés par les troncs et je ne vois rien. Il y en a deux qui descendent, et lorsqu’ils sont enfin dans mon champ, …, les deux randonneurs arrivent et tout ce petit monde se sauve effrayé !

Tant pis ! Il aurait fait trop sombre de toute façon ! Ils font la pose. Je repars seul. Plusieurs fois je traverse des petits sous bois, assez plats, plein de fougères.

Puis, je reprends la forêt. Et là, je m’y attendais, il me faut monter 300m à 45°, voir plus, en serpentant entre les arbres. Dur, mais par rapport à l’an passé, je passe beaucoup plus facilement. Je suis plus à l’aise. Après 43 jours de marche, je commence à avoir la condition !

Enfin, je sors de la forêt, après avoir quand même sué un bon coup.

.....

Je marche d’un bon pas, et arrive au centre d’accueil de Beille, à 1817m, que j’atteins vers 9h 15. Déjà plus de trois heures de marche !

Il est ouvert. Je prends un café et un paquet de gâteaux. Je passe un coup de fil à Claudie de la cabine. Bisous. Puis, j’écris un peu en attendant mes deux compagnons de route, qui arrivent 1/2h après moi.

La boîte de gâteaux y passe entière, facilement.

Je fais de l’eau fraîche, afin de repartir avec le plein. Il reste 5h jusqu’au refuge, d’après le topo ! Déjà plus d’une heure que je suis là ! Nous repartons ensemble à 10h 15.

Nous avons tout le plateau de Beille à traverser. C’est un grand chemin qui monte et descend en suivant les plateaux. Il fait un temps assez chaud et ensoleillé : j’ai sorti le parapluie depuis longtemps !

Nous apercevons quelques randonneurs devant nous. Le chemin, une vraie piste, va jusqu’à la cabane de Beille d’en Haut, à 1939m. Ça continue : c’est une piste où les 4x4 passent de temps en temps. Nous montons doucement.

Vers 11h 15, nous faisons un arrêt boisson sous un pin, le même qui m’a offert de l’ombre l’an passé. J’essaie le portable: j’ai toutes les barres, mais rien ne passe. Nous continuons.

En général, je repars le dernier, mais je finis toujours par me retrouver au milieu. Et lorsque ça monte dur, comme elle grimpe lentement, parfois, il l’attend et je me retrouve devant. J’essaie de sortir tout mon vocabulaire anglais, et lui essaie de me parler en français. Quand elle n’a pas compris, il traduit en hollandais!

Je monte et je descends de grandes bosses herbeuses. Vers 12h 30, au-dessus du col de Finestres, à 1967m, nous nous arrêtons pour pique-niquer. Nous avons un panorama formidable.

Après une petite demi-heure de repos à l’ombre et un bon casse croûte, nous repartons.

Nous descendons et remontons dans la pierraille jusqu’au col de la Didorte, à 2093m. C’est là que l’an passé, on a failli partir dans la mauvaise direction!

Là, nous piquons à gauche et grimpons à l’assaut de la montagne: 150m de dénivelé très raide, puis ça s’adoucit vers la fin. Nous marchons sur le sommet en montant doucement. Paysage superbe sous le ciel bleu!

Nous attaquons les crêtes, toujours un peu en dessous, du côté ouest.

Parfois on avance sur la crête, parfois quelques mètres plus bas. C’est très joli. Il faut faire extrêmement attention où je mets les pieds. Le vide, de chaque côté, est assez impressionnant !

Parfois même, je dois me tenir à deux mains pour grimper ou descendre, ou me mettre sur les fesses pour ne pas glisser. C’est un des passages les plus aériens du GR. Je ne vois pas emmener des enfants ici !

Ça descend, puis, ça remonte toujours plus haut, toujours plus escarpé. Je verrais bien Phil ici ! Après une crête, une autre, cela ne semble pas finir ! A un moment, l’altimètre indique 2370m ! Nous sommes en plein sur les Crêtes des Isards.

Des isards, cela résume tout ! Dommage que l’on n’ait pas les pieds aussi surs !  ! Nous atteignons enfin le col de Beil, à 2247m.

Nous avons un grand vallon à descendre et nous apercevons en haut le dernier col de la journée, et le refuge de Rulhe plus bas.

J’avais pris un peu d’avance, mais, dans la descente, le hollandais me rattrape. Nous finissons ensemble jusqu’au refuge. Il est 17h 07 ! Nous avons fait la course en 10h 30 ! (44 – 29)

C’était long, mais très agréable au point de vue panorama. Dommage qu’au loin il y ait des nuages ! Nous y sommes enfin : il y a de la place. Je suis encore avec mes deux compagnons de route, dans la même chambrée.

Je prends une bonne douche chaude, bien méritée. Je mets mes vêtements du soir, et nous allons écrire dans la grande salle. Le hollandais me paie une bière : ça passe bien !

Ce soir, un grand repas : soupe, bœuf en daube avec du riz, à volonté, j’en laisse c’est peu dire, fromage et tartelette. Un vrai festin.

J’ai même pris un peu de vin rouge. Nous sommes nombreux ce soir dans le refuge : environ 35 convives ! Il y a de l’ambiance !

Nos voisins d’en face font des randos sur les HRP. Il y a plein de lacs à voir, et l’Andorre est juste derrière, vers le sud. Ils sont sympas.

Dans la discussion, on parle du problème de l’eau. Les hollandais leur montrent leur pompe-filtre : tout le monde est emballé. Je leur montre quelques photos. Ils trouvent ma télé sympa !

Les voisins de derrière nous passent une flasque de prune, 42° ! Nous en prenons tous une petite rasade pour trinquer. Ils sont en forme ! Le temps passe : il est 21h 30. Les hollandais ont trouvé un jeune compatriote : ils papotent ensemble.

Puis, ils vont se coucher. Je discute encore un peu avec ceux de derrière en finissant d’écrire : j’ai encore droit à une autre tournée de prune ! Je raconte un peu ma vie : je fais des envieux ! Moi, je me sens bien !

Il est 22h 15 lorsque je vais me coucher. Dans la chambrée, ça ne dort pas encore. Mes compagnons dorment en haut, je suis seul en bas. Nous sommes trois pour une chambrée de huit ! Je prends mes aises !

C’était une très bonne journée, bien remplie, fatigante, avec de très beaux paysages.

 

 

 

 

< Rétour >

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                

Jour 45 : Dimanche 25 juillet 2004 - (Refuge de Rulhe – Mérens)

J’avais mis mon réveil à 7h, mais tout le monde bouge vers 6h 40. Des envies pressantes ! Nous rangeons nos affaires. Les sacs à dos sont restés dans la salle des sacs et des chaussures, en bas, à l’entrée. Normalement, il n’y a pas de voleurs !

Je ramasse mon fourbi, et je descends. J’avais pris mes papiers, mon argent, mon appareil photo et mes lunettes, on ne sait jamais quand il y a beaucoup de monde ! J’ai bien dormi, mais avec le vent une tôle du toit devait bouger et ça cognait désagréablement comme des coups de tonnerre !

Dans la grande salle, tout est prêt. Je prépare mon sac, fais de l’eau. Puis, tout le monde se retrouve au petit déjeuner, quasiment à la même place qu’hier soir. Nos voisins d’en face descendent aussi à Mérens, ainsi que le jeune hollandais. Il va y avoir du monde sur le GR 10 !

Je marque un mot sur le livre d’or et paie mon dû : 35€. Il faut songer à partir. A 7h 45, nous sommes sur le sentier.

Le départ est d’abord facile : ça monte et ça descend dans le vallon. Puis, on arrive au col des Calmettes à 2318m ! Jolie vue sur un petit lac.

Puis, on attaque le plus grand pierrier du GR 10. Je ne connais pas le parcours après Mérens pendant les 5 ou 6 jours suivants, mais depuis le début de ma randonnée, c’est le plus énorme ! J’ai attaché parapluie et bâton au sac, pour ne pas être gêné dans mes mouvements.

Pendant une heure et demie, on monte, on descend, on grimpe, on escalade, on saute, on enjambe, on se hisse, on fait l’équilibriste, on passe de rocher en rocher en faisant très attention.

Glisser ou chuter, et c’est l’accident à coup sûr ! C’est aussi la fin du voyage ! J’y pense de temps en temps, et je redouble de prudence. En plus, il faut chercher les marques ou les cairns pour se diriger. Pas évident dans ce désert de pierres !

Certains passent à gauche, d’autres à droite. On cherche la voie qui nous semble la plus facile. Un couple de français nous a rejoint : ceux qui étaient en face de nous à table. Ils vont à Mérens, et sans doute aussi au gîte. On se reverra donc ce soir. Ils nous doublent.

Un peu plus tard, on les aperçoit qui grimpent vers la crête là-haut. Le pierrier se termine enfin, et nous attaquons à notre tour les 300m de dénivelé que nous avons devant nous. C’est vraiment très raide !

 Je suis passé devant et je grimpe à mon rythme, de lacet en lacet. Je sue un bon coup ! J’arrive au sommet 10 minutes avant les deux autres. Je fais quelques photos.

Ils me rejoignent. Petit arrêt très court pour boire un coup et faire d’autres photos.

De cette crête de la Lhasse, à 2439m, un des points les plus hauts du GR 10, nous avons une vue magnifique. Le panorama s’étale devant nous à 360° !

J’ai changé d’avis pour mes cendres. C’est de là que je veux qu’elles s’envolent !

Puis, nous repartons. Nous descendons bien à travers la vallée. A un moment, je m’arrête pour enlever la veste. Un quart d’heure après je le remets !

Je sors mes lunettes de soleil, puis je les enlève ! Lorsque le soleil se couche, il ne fait pas chaud !

A ce moment, en contre bas, j’aperçois l’étang de Comte. Cette année, il est plein, et l’eau semble claire : pas comme l’an dernier.

Il y a plein de monde sur les bords. Personne dans l’eau : elle ne doit pas être chaude ! Pas de vautours cette année !

Nous arrivons au petit étang de l’Estagnol, où nous retrouvons les deux français qui nous ont doublés, et qui finissent de pique-niquer. Nous déjeunons à notre tour. Je me trempe les pieds. Elle est fraîche, mais ça fait du bien.

Nous papotons montagne et faune. Non, cette année j’ai vu très peu d’animaux. Aujourd’hui, aucun vautour, aucun faucon, aucune marmotte ! Un ou deux sifflements, mais c’est tout ! Les français repartent.

Nous passons 3/4h à nous reposer. Chaussettes, chaussures et rangement. Puis, nous repartons. La pancarte indiquait 1h 45 pour Mérens.

Nous croisons beaucoup de monde qui monte : hommes, femmes et enfants qui vont jusqu’au lac. On est dimanche : c’est une destination connue. Après le petit plateau où nous longeons le torrent, nous attaquons la forêt.

Nous descendons tranquillement. Nous faisons une halte à la hauteur du parking. Là où, l’an passé, mon compagnon de route avait vu son sac dévaler une vingtaine de mètres dans la pente ! Nous mangeons quelques fraises des bois.

Puis, nous repartons. Encore une petite pause avant Mérens, .... je suis revenu à la civilisation! ... 

La descente continue dans les bois : c’est agréable, mais assez long. Nous finissons notre trajet, entrons dans Mérens, et passons le petit pont.

Nous allons directement à la petite boutique voir à quelle heure elle ouvre demain matin. On devra redescendre exprès ! Je dois, et les autres aussi, absolument faire des provisions pour la suite du parcours.

Miracle ! La boutique ouvre à 16h, même le dimanche ! Nous patientons 10 minutes, et la dame arrive en s’excusant. Nous sommes contents de la voir. Saucisson, pâté, pain, fromage, orangina, chocolat et quelques barres. J’ai de quoi tenir plusieurs jours !

Je repars vers le gîte avec mes deux compagnons. Comme je sais où je vais, c’est plus facile. C’est là que Claudie, Phil et ses enfants sont venus me rechercher l’an passé.

Nous arrivons vers 16h 40. Personne au gîte. Tant pis ! Une bonne douche bien chaude, des vêtements propres et me voilà prêt à attaquer l’après-midi. La dame du gîte revient et nous montre nos places pour coucher. En fonction des arrivées je peux être amener à changer : pas de problèmes !

Nous avons mis quand même 9h pour venir du refuge de Rulhe, avec 6h de marche effective. Après Jacomine, je fais une grande lessive car il y a un bac à laver. Comme le soleil brille, ce sera sec ce soir. La dame de l’alimentation a dit que dans la soirée il pourrait faire de l’orage.

Puis, j’écris un peu. Les 4 autres sont aussi installés à la table dehors. Il fait très bon au soleil. La journée était super, mais je n’ai pas beaucoup de détail à raconter. Ce soir, le repas est à 19h 30. Nous avons le temps d’étudier le programme pour les jours suivants.

On nous appelle pour le repas : soupe, saucisse grillée, pâtes à la tomate et épinards à la crème. Les plats repassent plusieurs fois. Le vin est à volonté. Salade du jardin à profusion ! Nous terminons par des fruits. Très bon !

Les hollandais parlent avec les autres hollandais rencontrés sur place. Je parle avec d’autres français, et avec les hollandais. Jan, mon compagnon de route, fait la traduction.

Puis, je change de table, et je vais parler avec les deux randonneurs de ce matin, qui étaient à Rulhe avec nous. Il a des origines portugaises. Nous parlons du pays qu’il aime beaucoup.

Je vais rentrer mon linge qui est presque sec, à part le bas du short et les chaussettes.

Je passe un coup de fil à Claudie et à Tophe. Je rassemble mes affaires près de la cheminée pour la nuit, et je finis d’écrire pour la journée. Ce gîte est vraiment hors normes, par sa taille et son agencement. L’an passé, l’équipe de secours, venue me récupérer après mes 9 jours de trecking, et moi avions mangé dans la petite cuisine et couché en bas dans les dortoirs, partie sanitaire plus indépendante. Nous y avions passé deux jours super.

Il est maintenant 21h 45. Tout est calme. Beaucoup sont allés se coucher, des espagnols, en bas jouent aux cartes : je ne comprends rien ! D’autres lisent dans les fauteuils du coin bibliothèque. Je suis à une table dans la grande salle. Plus un bruit.

J’aime ce gîte car cela me rappelle de souvenirs : d’abord mes 9 jours de marche de l’an passé, et aussi les 2 jours passés ici avec Claudie et Phil. Il est vraiment super, et la gardienne est très gentille. Elle tutoie les gens au premier contact : ça fait drôle au début, mais c’est très convivial et chaleureux.

En continuant à écrire, je viens de repenser que je me suis acheté une tablette de chocolat. Je vais dans mon sac me chercher quelques carrés : avec de l’orangina, quel régal ! Demain, je pars un peu à l’aventure car je n’ai jamais fait ce parcours !

Je fais confiance au programme de Jan, mon hollandais préféré qui a tout cherché sur Internet : arrêt, temps, distance… J’ai maintenant une approche plus précise de la fin du parcours, jusqu’à la Méditerranée.

Normalement, il me reste 11 jours pour atteindre la Grande Bleue ! Ce qui me ferait arriver à Banyuls sur mer le 5 Août. Cette date n’est pas encore définitive, mais il faudra que je puisse la préciser rapidement.

Est-ce que, quand j’arriverai là bas, j’aurai un comité de réception ? Est-ce que je rentrerai seul par le train ? Je verrai cela avec tout le monde, dans les jours suivants. Il est maintenant 22h. Je vais aller me coucher. Je ne sais où, mais je vais bien trouver une couchette libre, avec personne dedans !

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 46 : Lundi 26 juillet 2004 - (Mérens – Refuge de Bésines)

Ce matin, on commence à s’agiter avant que le réveil ne sonne. Petits exercices pour chauffer les articulations et les muscles. Hier soir, j’ai mis un peu de crème sur les chevilles et les genoux qui étaient sensibles. Mais je n’ai plus d’échauffement entre les jambes. Je marche tranquille.

Je plie les couvertures et je descends, sans trop de bruit. Je range mon linge sec étendu sur des chaises. Le haut du short, plus épais, est encore un peu humide. Je le mets sur le dessus de mon sac. Il sèchera en route ! J’ai trois paires de chaussettes sèches, chemise, short et polo, ça ira quelques jours.

Puis, je prends le petit déjeuner avec les autres descendus entre temps : c’est pantagruélique : pain, biscotte, brioches, avec grille-pain sur la table, plusieurs sortes de confitures, du miel, du jus d’orange, du lait , du thé, la fontaine à café sur la table, des vaches qui rient, et du Nutella ! Désolé, je ne pourrai pas manger de tout ! Et j’en oublie !

Je paie : 27€, ce n’est pas cher par rapport à la qualité et à l’accueil ; Puis, chaussures et sac à dos. A 8h 10, nous disons au revoir aux gens des Pyrénées orientales. Ils ont promis d’être vers 17h ou 18h sur le remblai à Banyuls, pour nous voir arriver le 5 Août.

Nous passons à côté de l’église en ruines, qui a brûlée il y a longtemps. Elle a été consolidée pour ne plus que les pierres s’éboulent. Jolie !

Nous passons à côté d’une cabine téléphonique. Chouette ! J’ai voulu téléphoner à Phil, mais je n’avais plus d’unités. Il faisait nuit, et comme mon autre carte était dans mon sac, j’ai reporté à plus tard.

Jacomine essaie de téléphoner à ses enfants : ça ne marche pas. J’essaie également : hors service ! Tant pis ! Je vous aime quand même… Nous poursuivons notre chemin. Je sais qu’il y a 1200m de dénivelé positif à grimper ! Et j’ai peur aux genoux.

Dès les premières minutes, les petites douleurs de la veille reviennent. Heureusement, (mon deuxième stylo vient de me lâcher), après quelques tournants, elles disparaissent.

Ça monte doucement, mais régulièrement. Sans nous en apercevoir l’altimètre grimpe lui aussi ! Deux autres hollandais, il n’y a que ça par ici, nous ont rejoints. Ils papotent deux minutes, et prennent la tête. Je suis avec mes deux compagnons de route.

Les deux autres devant font une pause boisson. Nous continuons, je passe en tête. Les dizaines de mètres défilent. Un coup d’œil à l’altimètre : déjà 700m de fait ! Nous avons été vite ! A chaque fois que nous faisons une pause, même courte, Jan note l’heure de début et de fin, le lieu et l’altitude pour faire les comptes le soir.

Nous arrivons à un carrefour : le GR 10 prend à droite vers le col. La pancarte indique le refuge des Bésines à 2h 30 ! C’est parti.

Je suis de nouveau en tête, suivi de Jan qui attend Jacomine lorsqu’elle a pris un ou deux lacets de retard ! Je peux ainsi donner mon rythme : lent et régulier !

Nous allons quand même plus vite que le topo, pour une fois ! Ça commence à grimper plus raide. Il faut remettre la veste de survêtement, car le vent souffle et il fait frais lorsque le soleil se cache dans cette petite vallée étroite.

Les 2 hollandais de tout à l’heure nous redoublent, ainsi qu’un jeune qui campait un peu plus bas. Il est venu observer la faune et la flore : il a une grosse paire de jumelles et un bel appareil photo.

Le vent souffle : j’ai froid aux mains. A un détour du GR, un troupeau de vaches, avec leurs petits, occupe tout le sentier. J’approche tout près : elles ne sont pas décidées à nous laisser la place, et elles barrent le sentier ! Il faut donc créer une variante !

J’attaque dans les rhododendrons et la pierraille. Il faut faire un grand détour pour rejoindre le GR ! Encore un effort et nous sommes au col : le Porteille de Bésines, à 2333m !

Il fait très frais avec le vent. Puis c’est la descente.

A un détour, nous apercevons le refuge à travers les pins.

Puis la pente s’adoucit .Un hélicoptère arrive de la vallée et se pose près du refuge .pas le temps de sortir l’appareil !        

Les deux hollandais, partis devant, se sont installés à droite près du petit torrent, certainement pour pique-niquer. Nous décidons de poursuivre jusqu’au refuge pour manger, car il n’est que 12h 30. Nous descendons dans la petite combe et remontons vers le refuge.

Beaucoup de pins morts dressent leur carcasse vers le ciel. A 13h, nous y sommes. Le soleil est revenu. Le gérant s’occupera de nous quand l’équipage de l’hélico aura fini de déjeuner, dans 1/4h ou 1/2h ! Pas de problème.

Nous allons casser une petite croûte entre temps : saucisson et fromage, les restes de Goulier, avec un bon coup d’eau. Délicieux. J’ai encore de quoi faire 3 ou 4 repas ! Puis, j’écris un peu ce début de journée. Ensuite, j’étudie le planning pour les jours à suivre.   -

Avec les opportunités de gîte, refuge ou cabane, en restant dans des temps de marche raisonnables, j’évalue le temps pour rallier la Méditerranée à 10 jours encore !

Ce qui me fera arriver le jeudi 5 août, en fin d’après-midi, après une journée assez longue, mais qui finira tranquillement en descendant vers la mer.

L’hélicoptère est reparti : j’ai déjà fait une photo, l’appareil près du refuge et un autre moyen de transport vieux de plusieurs milliers d’année : l’âne !

Je continue de faire ma progression jusqu’à la Grande Bleue. J’espère y être vers 17h ou 18h comme convenu avec les deux habitants de la région. Dans deux jours, je vais pouvoir refaire un peu d’argent pour finir la rando tranquille.

Je papote avec un monsieur d’environ 65 ans qui vient régulièrement dans les environs depuis 30 ans. Le refuge a été ouvert en 1996. Il aura fallu deux ans de construction. Il n’est pas vieux.

Le lac que l’on aperçoit plus bas, à environ une heure de marche, l’étang des Bésines, est gelé en hiver et recouvert par la neige. On peut marcher dessus.

L’Hospitalet, et la route, ne sont qu’à 2h de marche, et il passe beaucoup de monde.

J’écris encore un peu. Puis, je discute avec d’autres randonneurs qui vont demain, eux aussi, au refuge des Bouillousses à 2020m. L’heure du dîner approche. Entre temps, on s’est installé. Je suis allé remettre mon pantalon de survêt, car il ne fait pas chaud.

Nous nous retrouvons tous dans la salle : nous sommes une quinzaine : soupe au vermicelle, daube, purée et rab, fromage et rab et compote de pomme. Le monsieur âgé nous paie le vin. C’est sa manière de nous remercier pour l’avoir invité à notre table.

Nous papotons tous ensemble, même avec un randonneur espagnol, à qui j’ai prêté mon topo guide n°3 et qui prend des notes. Le monsieur âgé nous dit qu’il a une maison de vacances à Lercoul. Je lui montre les photos du village sur mon appareil : il reconnaît bien les alentours et la fontaine.

Nous continuons de parler après le repas. Puis, je finis d’écrire mon compte-rendu de la journée. Cette journée, assez courte, mais avec un bon dénivelé, a été moins dure que je pensais.

Demain est une journée moyenne, sans trop de difficultés. Ici le portable ne passe pas et demain je crains que ce ne soit pareil ! Après demain, c’est sûr, je pourrai téléphoner  et donner de mes nouvelles. Je verrai bien !

Je discute quelques minutes avec le gérant à propos des nombreux pins morts. Il me dit que dans ce coin la couche de terre est assez fine. Lorsque les arbres arrivent à une certaine grandeur, ils ne trouvent plus dans le sol tout ce dont ils ont besoin et meurent. Certains sont plus fragiles, d’autres ne résistent pas aux hivers rigoureux ou au vent.

Il est 21h, je vais aller me coucher. Les genoux ont bien tenu, je suis en forme. Mais j’essaie de ne pas forcer mes limites, et marche toujours à mon rythme, même si celui-ci est plus rapide qu’au début !

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 47 : Mardi 27 juillet 2004 - (Refuge des Bésines – Etang de Bouillousses)

Ce matin, je me suis encore réveillé quelques minutes avant 7h. Lorsque nous sommes arrivés, hier après-midi, il n’y avait personne. Le gérant nous avait placé dans des dortoirs séparés. Comme beaucoup de monde est arrivé, j’ai eu un couple au-dessus de moi.

Je me lève sans bruit et vais au WC. Plus de papier ! M… ! Je suis obligé d’appeler mon voisin d’à côté pour qu’il me dépanne ! Je m’en tire pas mal pour une fois !

Il était prévu un temps très nuageux. Il fait un temps super beau ! Pas un seul nuage ! Le soleil éclaire les cimes : c’est magnifique.

Je plie sans trop de bruit mes couvertures, car je n’ai pas sorti le duvet. Je range mes affaires et je descends. Mes deux hollandais sont déjà debout.

On se retrouve tous pour le petit déjeuner : tartines, biscottes et pain beurré, petits pots de confiture. C’est bien. Ça ne vaut pas Mérens évidemment, mais c’est très bon !              

Comme pour le dîner, tout le monde aide à débarrasser. Je vais payer, et je me prépare. Je fais le plein d’eau. Dans une panière, mis là pour dégustation et pour faire de la pub, je prends quelques petits paquets de pruneaux. Il y en a trois dans chaque.

Je me prépare, et à 8h 15, c’est le départ. Nous quittons le refuge de Bésines, à 2104m, et le beau lac dans le fond en bas. Nous prenons la direction Nord Est, pour le col : Col de Coma d’Anyell. Ça monte doucement, et le paysage est joli.

Nous remontons le ruisseau : c’est un très joli torrent qui descend de replat en replat, avec de petites chutes sympas.

Puis, nous attaquons la partie sérieuse de 150m d’un dénivelé très élevé.

A un moment, une plaque de neige plate se présente devant nous. Je passe en premier, et, presque arrivé au bout, je veux sortir l’appareil photo en me retournant. Je ne regarde plus mes pieds et me rapproche du rocher. Ma jambe droite s’enfonce dans la neige jusqu’en haut et frotte sur la pierre.

Je m’extirpe tant bien que mal : j’ai la cuisse : toute éraflée, ça saigne un peu !

Rien de grave, je me soignerai plus tard. Je continue sans me plaindre. Les 4 français qui étaient à notre table ce matin nous rattrapent, et passent devant.

A 50m sous le col, une énorme plaque de neige toute verglacée recouvre le GR10. Quelques pas pour essayer : ça glisse trop!

Je fais comme ceux de devant, je la contourne. Je choisis de prendre par la gauche, par le pierrier. Les deux hollandais essaient de prendre par la droite, par les pierres et la neige. Je fais un peu d’équilibre sur les blocs : c’est un peu périlleux, mais ça passe!

Enfin, nous atteignons le col d’Anyell, à 2470m : il y a beaucoup de vent. Nous avons une vue magnifique. Par contre, il n’y a aucun poteau indicateur pour marquer le col, et indiquer des destinations (47 – 05).

Nous venons de traverser forêt, pierres et neige, avec de nombreux torrents depuis le refuge. De l’autre côté, c’est un désert de pierres, presque lunaire. Que de la pierre avec une couleur uniforme. D’autres français se sont arrêtés sur la gauche pour casser la croûte.

Nous traversons, très prudemment, un petit névé pentu qui cache le GR, et on descend dans le cirque. On aperçoit, dans le bas, l’étang de Lanoux.

Nous descendons de 200m facilement, et passons le long de l’étang de Lanoset, et arrivons à la pointe du lac de Lanoux.

Les 4 français pique-niquent tout au bord. Ils nous diront plus tard que deux d’entre eux se sont baignés ! Nous faisons une halte : une petite barre et un coup d’eau. Le couple de hollandais, qui a campé dans la montée hier, nous rattrape.

Nous étudions ensemble la carte. Des marques de GR partent des deux côtés : est-ce le GR 10 ou le GR 7 ? Avec la carte et la boussole, nous optons pour le sentier partant vers l’Est. Les 4 français remontent du lac, et veulent prendre l’autre chemin. Nouvelle étude de la carte !

Notre idée semble la bonne, et tout le monde s’engage sur le sentier Est!

Nous arrivons à la cabane de Rouzet. Des gens pique-niquent. Ils viennent du lac des Bouillousses. Le col est bien en face : nous sommes sur le bon chemin. Nous avons un dénivelé de 150m devant nous, assez raide. Chacun prend son pas sur un large sentier au début, puis plus pierreux sur la fin. J’y parviens facilement. La vue est superbe.

Nous quittons un monde minéral pour passer à une vallée plus verte. Un troupeau de chevaux occupe le col : le Portella de la Grava, à 2426m.

Puis, ça descend, dur au début, et arrivé 150m plus bas, après avoir un peu chercher notre chemin, ça devient très facile.

Nous pique-niquons au soleil, 1/2h les pieds à l’air, mais pas très chaud. Je m’aperçois qu’une de mes chaussettes est trouée au talon : je les jetterai ce soir !

Nous repartons. Le chemin descend doucement dans une belle vallée très verte.

Des dizaines de petits torrents descendent du versant et coupent le GR. Le chemin est très long jusqu’au lac des Bouillousses, entre 5 et 6km.

Nous passons près d’un pont de neige effondré  où s’amuse une famille.

Plus loin nous croisons des vaches : deux d’entre elles vont nous suivre sur le sentier pendant au moins un kilomètre : c’est rigolo!

Nous faisons une dernière pause. Les 4 français nous redoublent. Nous faisons un bout de chemin ensemble. Nous découvrons le lac: c’est magnifique.

Il est très grand. L’eau est bleue, les montagnes autour sont couvertes de pins. On se croirait au Lac, au Portugal ! Avec les montagnes moins hautes bien sûr!

Il y a du vent et l’eau est ridée. Nous longeons les bords sur un sentier qui monte et descend en suivant les contours des berges. Il y a beaucoup de monde sur les bords ou sur le sentier. On aperçoit maintenant le barrage au loin.

Si certains ont les pieds dans l’eau, personne ne se baigne ! L’eau doit être trop froide, ou ça doit être interdit ! Le vent se renforce, et de petites vagues se forment. Plus on arrive vers le barrage, plus on rencontre de gens.

Enfin, nous parvenons au barrage. A notre droite, plus haut, se dresse un grand hôtel. Nous traversons la digue de retenue. L’eau est de plus en plus agitée ! Le barrage est imposant : beaucoup de personnes y circulent car la route et les parking sont de l’autre côté, en contre bas.

Nous arrivons au refuge CAF : pas de chance, il est complet ! Pourtant il a 50 places ! Mais la route est là, et beaucoup de randonneurs, du dimanche, réservent ici plutôt qu’à l’hôtel ! Le gérant nous dit qu’il y a une auberge à côté : il téléphone, il y a de la place !

Nous revenons 100m en arrière, et 3 min après, nous y sommes.

Nous avons le choix : formule gîte ou formule hôtel. Comme mes deux compagnons, je choisis la formule hôtel, où tout est compris pour pas beaucoup plus !

Bonne douche chaude, vêtements propres. Jan vient frapper à ma porte. Ils veulent aller téléphoner à leur famille. Mais il faut retourner à l’hôtel, de l’autre côté du barrage. -

Je m’apprête et 5min plus tard, je suis en bas. Le vent est très fort sur le barrage et il y a maintenant de véritables vagues de 20 à 30 cm de haut. Nous arrivons à l’hôtel et les hollandais téléphonent chez eux. Puis je passe un coup de fil à Claudie et Tophe. Coucou, je suis revenu à la civilisation. Tout va bien. Je serai à Banyuls le 5. Bisous !

Le mieux, le plus pratique, le moins cher est que je revienne en train .J’aurais aimé que tout le monde vienne m’accueillir sur le remblai de Banyuls, mais cela n’est pas possible et reviendrait sans doute trop cher .Tant pis ! Je suis un peu déçu, mais je dois me faire une raison!

Je descends écrire un peu sur la terrasse. Les hollandais me rejoignent. Je leur paie un coup à boire, car ce matin lorsqu’on a fait une pose, il a tenu à me nettoyer les éraflures et me mettre un pansement. -

L’autre couple de hollandais arrive aussi. Ils papotent un peu, puis nous rentrons à l’intérieur pour dîner. Assiette de crudités salade, thon, tomate, œuf dur, olives, boulettes de viande, haricots blancs, crème catalane. Vin rouge, plus café! Tout est compris! Super!

J’ai bien mangé. Nous avons étudié le programme de demain : 4h 40 sur le topo. Une petite journée, mais nous devons nous arrêter à Bolquère pour des courses et des sous. J’en ai parlé au gérant et il a téléphoné au gîte, et j’ai réservé pour demain soir.

J’ai mis le téléphone à charger : j’espère que le portable va passer. Demain, nous allons jusqu’à Planès. Ça descend presque tout le temps. Les 3 journées d’après autour du Canigou vont être dures, car nous remontons à presque 2400m, avec de nombreuses montées et descentes. Mais, après demain est un autre jour !

Il faut que, demain, j’achète un nouveau carnet, car mon troisième est fini. J’en suis à la page 353 ! Il est 21 h. Je vais me coucher.

 

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 48 : Mercredi 28 juillet 2004 - (Lac de Bouillousses – Planès)

Ce matin, comme les autres jours, je me suis réveillé avant que le téléphone sonne. J’ai rechargé mon portable, qui ne me sert pas en ce moment, ainsi que la batterie de mon appareil photo. Je l’ai changée en pleine nuit, lorsque je suis allé aux WC.

Un coup sur les dents et la bouille. Avec la paire de ciseaux de mon couteau suisse, je m’arrange un peu la barbe, et coupe les poils qui dépassent. Je suis tout beau !

Je descends pour 7h 30. Mes deux compagnons de route sont déjà là. Nous écoutons la météo à la télé, sur la 2 : beau temps, mais peut-être des nuages dans la soirée!

Nous prenons un petit déjeuner copieux. Je remonte me mettre en tenue de marche. Je vérifie que je n’ai rien oublié, et je retrouve Jacomine et Jan sur la terrasse. Il est 8h 15, nous partons. Le gérant nous a dit de descendre sur la route, et, au pont, de prendre le GR à droite.

C’est parti ! Il fait un soleil magnifique. Pas un nuage. Au pont, nous prenons à droite, et continuons la plaine d’hier, sous le barrage.

Nous cheminons dans un sentier peu large, mais facile, entre les pins. Quelques vaches se sont disséminées et parfois occupent le chemin.

Nous quittons la vallée et obliquons vers l’Est en vue d’un télésiège, et longeons un étang très joli, où quelques pêcheurs matinaux essaient de ruser avec les truites. Photo de l’étang de la Pradelle.

Puis, le chemin part dans la forêt. Lorsqu’il serpente à plat, c’est facile. Mais lorsqu’il monte ou descend, comme il est tout pierreux, il faut faire attention de ne pas se tordre les pieds !

A peu de mètres près, le chemin suit la ligne des 1800m, à flanc de montagne. Nous sommes la plupart du temps à l’ombre, souvent avec le soleil de face, et il faut être très vigilent avec toutes ces pierres qui roulent sous les pieds.

Nous apercevons, parfois, entre les pins, la vallée en dessous. Nous passons une fois ou deux sous des télésièges. Nous faisons une pause : une barre et un coup d’eau, et ça repart ! Nous avalons les kilomètres d’un bon pas. Le sentier s’est élargi.

Nous approchons de Bolquère, car on entend des ouvriers qui travaillent : c’est la station de Pyrénées 2000. Nous venons de faire au moins 6km dans la forêt. Nous arrivons à la route : carrefour. Bolquère, en face 1,5km de bitume.

Un peu plus loin, nous coupons à droite, laissant deux promeneurs continuer sur les lacets. Enfin, voici Bolquère, nous entrons dans ce village fleuri et bien entretenu.

L’alimentation boucherie est en haut, près de la poste. Il est 11h 20 ! C’est bien. Jacomine et Jan vont faire leurs courses. Je vais voir à la poste, car je voudrais me débarrasser de choses inutiles et les renvoyer à la maison.

Pas de chance ! Elle fermait à 11h ! Je retourne faire quelques petites courses pour ce midi. Puis, nous allons pique-niquer sur des bancs, à l’ombre, près d’une fontaine. Une voiture de la Poste s’arrête : c’est le même monsieur à qui j’ai demandé tout à l’heure des renseignements. Je voulais une grosse boîte pour faire un colis !

Je vais donc le voir de nouveau, pour savoir si je peux retirer de l’argent au guichet avec la carte bleue. NON ! Pour trouver un distributeur, il faut aller à Mont Louis ou à Font Romeu. Il passe un coup de fil à quelqu’un pour confirmation : oui, le distributeur de Mt Louis fonctionne.

Je lui explique ma condition de randonneur, et il me dit que dans une demi-heure il aura fini sa tournée sur Bolquère, et qu’il rentrera ensuite sur Mt Louis. Donc, il pourra me déposer : super !

Je finis de déjeuner : pâté de campagne, j’en prépare deux tartines pour mes compagnons, et une boîte de salade mexicaine. Jacomine a acheté une grosse barquette de fraises, et j’en ai une grosse poignée pour mon dessert !

Puis, nous papotons à l’ombre tranquillement. Ils vont attendre mon retour pour repartir ensemble. Je crois que maintenant nous formons vraiment un groupe ! Vers 12h 40, mon chauffeur arrive. Il rentre manger sur Mt Louis, et repartira 1/2h ou 3/4h après, pour revenir sur Bolquère. Si il me trouve sur la route, il me reprendra.

Devant nous, c’est la chaîne où se trouve le Canigou. Mais, il est beaucoup plus loin, caché par les premières montagnes. Il me souhaite bon courage, et me laisse juste devant le distributeur 10min après. Mt Louis n’est qu’à 8 ou 10km !

Bon, j’ai réglé le problème d’argent jusqu’à Banyuls. J’ai trouvé un grand bloc à écrire à l’alimentation ce matin, mais j’en voudrais un plus petit. Je rentre dans Mt Louis par les fortifications, Vauban est sans doute passé par là ! J’arrive aux remparts et passe sous un grand porche.

J’avise le premier magasin de souvenirs et j’achète un petit bloc, ils n’ont pas de carnet, et une pellicule photo pour Jan, qui en cherche une depuis quelques jours. Je ressors de la ville et fais du stop aussitôt. Une voiture me prend et m’emmène par une autre route. Il me laisse à un carrefour au-dessus de Mt Louis et le conducteur me dit qu’à 200m à gauche, il y a la route qui va directement à Bolquère.

Je monte et 200m plus loin, juste au carrefour, une voiture tourne. Sans que je fasse de signe elle s’arrête et le chauffeur me demande où je vais : Bolquère : montez ! Et il me ramène devant la fontaine, en faisant un petit détour car ce n’était pas trop son chemin par le village. J’ai vraiment eu de la chance sur cette opération renflouement !

Mes deux compagnons pensaient que je mettrais nettement plus longtemps : je n’ai mis que 3/4h aller et retour. Jan est très content que j’aie pensé à lui ! Je vais jusqu’à la cabine pour donner de mes nouvelles à tout le monde. Je suis revenu pour un jour à la civilisation ! Bisous !

Nous repartons ! Il fait chaud ! Le GR 10 suit la route. Plus loin nous traversons la voie ferrée du Train Jaune que nous avions pris avec Claudie il y a deux ans ! C’était super ! Nous arrivons à la route nationale que nous coupons. Et 50m plus loin, nous prenons un petit sentier, sur la gauche, dans la campagne.

J’ai sorti mon parapluie depuis la sortie de Bolquère, car il commence maintenant à faire très chaud, même si le monsieur qui m’a raccompagné m’a parlé d’orage pour ce soir !

Nous avons plusieurs hameaux ou villages à traverser avant d’arriver, puisque Planès est situé de l’autre côté, sur les premiers contreforts du massif. A La Cabanasse, beau village, j’essaie de trouver la poste : fermée l’après-midi ! Bon, je suis condamné à tout garder pour l’instant. Je verrai ça à Arles sur Tech ! Sinon, je ramènerai tout jusqu’au bout !

Je pensais que Planès était le petit village sur la droite, un peu plus haut : erreur ! C’est encore à plus d’une demi-heure, perché sur la colline en face.

Nous y arrivons enfin, vers 15h 20, après une journée tranquille, de transition. Mais j’ai bien sué quand même !

Bon, je paie une bière à mes deux néerlandais préférés, histoire de chasser la poussière du gosier. Puis douche chaude et vêtements du soir. Je fais une bonne lessive, comme Jacomine, au Paic citron local, car j’ai oublié mon petit paquet de lessive à Mérens, sous le bac à laver !

De toute façon, ça ne peut pas faire de mal ! J’étends et je vais écrire dehors, sur la petite terrasse à l’ombre. Vers 17h 30, comme c’est la gérante du gîte qui a la clé de la petite chapelle située un peu plus haut, nous décidons d’y monter tous les trois pour la visiter. C’est sobre, petit, mais joli. Photo de l’extérieur!

(48 – 07)

Je reviens au gîte, et à la chambre. Je range un peu mes affaires, fais le plein d’eau. Je mets ma veste de survêtement pour descendre écrire encore un peu. Je passe un coup de fil à Claudie pour lui dire que je suis bien arrivé. Elle me rappellera ce soir. Je lui avais laissé un message car elle était en train de changer Elodie, donc elle m’a rappelé après.

Jan paie encore une bière : elle n’est pas très fraîche, mais elle passe bien quand même ! Nous dînons vers 19h 15 : soupe plus rab, pizza plus rab, salade maison et coupe glacée avec poire et amande : délicieux. Vin rouge à volonté ! Nous sommes huit à table, et évidemment, il y a deux hollandais avec nous : c’est fou ce que c’est gens là aiment marcher dans les Pyrénées. Notre pays est si plat m’a dit Jan !

C’était un repas sans viande, car plusieurs randonneurs sont végétariens ! Nous évoquons chacun nos exploits. Le mien commence à laisser les autres un peu estomaqués, car 48 jours de trecking dans les Pyrénées, ça force l’admiration ! C’est simple, je suis encore en train de raconter mes journées que mon assiette est encore à moitié pleine alors que les autres ont déjà fini !

.....

Puis, chacun paie ce soir, car demain, la gérante n’est pas là. C’est sa mère qui nous fera le petit déjeuner, pour 7h 30 !

Nous ramassons notre linge sec et montons finir d’écrire dans la chambrée. Nous y sommes seuls, tous les trois, les autres couchent en bas ou à côté.

Il est 21h 30, je vais me coucher.

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 49 : Jeudi 29 juillet 2004 - (Planès – Refuge du Ras de la Carança)

Cette nuit, je me suis levé pour aller aux WC, et j’ai eu du mal à me rendormir. J’entends mes compagnons bouger un peu avant 7h. Je me secoue aussi : petits exercices d’assouplissement, et je suis debout !

Le linge est sec. C’est agréable de mettre des vêtements qui ne sentent pas la sueur dès le matin. Rangement, puis descente dans la grande salle. Tout est prêt sur la table pour le petit déjeuner. Rien ne manque, même pas la confiture de cerises faite maison hier, le jus d’orange ou de pommes.

A 7h 30, tout le monde est à table : 3 tartines à la délicieuse confiture, un grand verre de jus de pommes et je n’ai plus faim. A 8h, je suis prêt à partir. Nous disons au revoir au groupe, certains vont être sur nos traces, et nous quittons le gîte.

Nous reprenons le petit chemin de l’église, puis à droite plus haut, nous attaquons la forêt. Ça monte tout de suite fort par un chemin empierré. Comme d’habitude, j’ai pris la seconde place dans le groupe.

Vers 9h, Claudie me téléphone. J’ai laissé mon portable allumé pour attendre les nouvelles. Tout va bien là-bas. Ici, ça commence à gronder, et peut-être aurons-nous un orage ? Bisous ! Nous montons à flanc de montagne dans les pins.

Entre les arbres, au loin, on aperçoit la vallée. Il y a beaucoup de circulation sur la route. Ça monte toujours. A un moment, je vois, en face sur l’autre versant, un petit étang avec la route forestière à côté. D’après la carte, nous devons passer dessus tout à l’heure !

Les deux hommes, qui ont mangé avec nous au gîte de Planès, nous ont parlé d’un chemin qui coupait dans la vallée. Mais on ne le connaît pas, et nous suivons le GR 10. Celui-ci doit aller jusqu’au bout de la vallée avant de revenir de l’autre côté. Le sentier monte et descend dans la forêt. Sympa!

Enfin nous sortons de la forêt. Deux pêcheurs, en contre bas, essaient d’attraper des truites. Nous voyons au loin une petite cabane en pierres. Arrêt. Sitôt posé le sac, je me retourne et j’aperçois, de l’autre côté du torrent, derrière les sapins, le refuge de l’Orri., à 1810m.

Nous remettons nos sacs sur le dos et passons de l’autre côté du torrent une fois atteint le fond de la vallée. On commence à progresser sur l’autre versant. Nous arrivons au refuge de l’Orri.

En fait, c’est une cabane, avec une partie berger et une partie randonneur de 6 à 8 places. Bien.

Avec une grande table pour manger dehors, un robinet extérieur, c’est sympa ! Nous faisons une photo ou deux:

Je papote avec le berger, NON, le vacher, à propos d’écologie en montagne, et les différentes attitudes des gens : certains se sentent responsables et font en sorte de laisser l’endroit encore plus propre qu’avant, tandis que d’autres s’en foutent car ils ne sont pas chez eux ! Il est quand même optimiste, et pense que ça va en s’améliorant !

Nous pique-niquons pour reprendre des forces. Jacomine me donne deux abricots frais. Je leur donne deux pruneaux du refuge des Bésines ! Une barre et un peu d’eau, c’est un festin. Jan me donne aussi quelques cacahouètes!

Les deux hollandais, que nous croisons depuis plusieurs jours et qui campent, nous rattrapent. Ça papote 5 min, et ils continuent. Voilà une chose que je trouve vraiment bizarre. Entre hollandais, ils discutent bien, mais ne se mettent jamais ensemble pour marcher.

A chaque fois que nous devons faire halte pour manger, et que nous croisons ces deux hollandais, nous continuons pour chercher un coin plus loin ! Ils pourraient faire le voyage avec eux. Eh bien, non ! C’est avec moi qu’ils marchent. Peut-être préfèreraient-ils être tout seul ? Mais je crois qu’une symbiose s’est opéré : chacun profite de l’autre pour la satisfaction générale.

Nous repartons. Les deux pêcheurs de tout à l’heure arrivent. Salut ! Le vacher est toujours occupé avec son portable depuis une demi-heure. Le mien ne passe pas! Salut aussi!

C’est un large chemin forestier qui descend doucement, le long de la vallée. Avant d’arriver à l’étang, nous bifurquons à droite, et attaquons plein Est, dans un flanc de montagne qui visiblement a brûlé l’an passé. Tous les genévriers et les pins sont calcinés. Les plants ont refait surface et c’est plein de fleurs partout.

Arrivés en haut, nous passons sur l’autre versant, plus vert et plus boisé.

Nous arrivons à un petit col, avant la cabane d’Aixeques, là où le sentier fait un coude, passant du Nord au Sud-Est. Il est 12h 50, et nous décidons de pique-niquer.

Des gens finissent de manger de l’autre côté du carrefour. L’un d’eux, après quelques coups de tonnerre vers le col, nous conseille de ne pas nous attarder ici si l’on veut franchir le col avant l’orage.

 

Nous suivons son conseil et remballons rapidement. Les deux hollandais qui nous avaient redoublé à la cabane de l’ Orry se sont arrêtés dans la montée vers le col : nous repassons devant eux ! Nous filons vers le haut, doucement. Il y a 400m de dénivelé. C’est très raide, mais nous y parvenons facilement.

Cela se sent que nous n’avons pas fait la pause ce midi : nos forces commencent à s’épuiser. Nous parvenons à un petit col, changeons encore de direction. Nous suivons un sentier à flanc de montagne sur la même courbe de niveau et parvenons aux collets d’Avall. L’altimètre passe les 2000m !

Ça gronde encore plus fort vers le haut. Nous passons à une trentaine de mètres d’une cabane arrondie entièrement en pierres, avec seulement une petite fenêtre et une porte, et devant laquelle se tient un berger, ou vacher, et un enfant. De la fumée sort du toit : visiblement ils vivent là tous les deux. Un petit signe de la tête, sans nous arrêter et nous continuons notre chemin.

Tout en haut, en face de nous se trouve le col : 300m à grimper ! Dur ! Nous n’avons pas grand-chose dans le ventre ! Du courage. Je passe en tête dans la montée : Jacomine peine un peu. Mais nous nous regroupons une fois en haut. Ouf ! Ça y est ! Nous franchissons le col de Mitja, à 2367m!

Tiens, l’un des deux randonneurs de ce matin est là et s’apprête à repartir. Eux qui pensaient être plus rapides que nous ! Ils sont partis seulement 1/2h après nous, mais ils ont pris la variante qui coupait par le bas de la vallée. Nous les avons rattrapés. Pas de pause ! Nous plongeons vers la vallée.

L’orage gronde un peu sur les hauteurs. Nous pique-niquerons au refuge ! Une route forestière descend en lacets. Le GR 10 coupe à pic entre les courbes.

Les deux hollandais nous redoublent. Nous remettons les protections contre la pluie car ça tonne de plus en plus et des gouttes d’eau font leur apparition.

Nous finissons de descendre les 536m de dénivelé et arrivons tranquillement au refuge du Ras de la Carança à 1831m.

Il est 15h ! Les deux français de ce matin repartent. Bon courage ! Deux minutes après, c’est le déluge ! Dehors, il pleut à torrent ! Les deux randonneurs vont s’amuser jusqu’à Mantet ! Ils ont encore 4h 10 de marche au topo ! Ils ne seront pas là-bas avant 20h ou 21h !

Il y a de la place. L’un des gérants, un jeune, nous montre nos couchettes. Il y a déjà quelques duvets d’étalés sur les lits superposés.

Nous avons peu de vivre. J’en parle à Jan. Il est d’accord : nous demandons au gérant de nous préparer une omelette aux lardons et au fromage. Je paie un coup de vin. Nous sommes rassasiés !

Puis, je passe aux écritures. Il faut commencer car la journée a été riche. Je monte chercher quelque chose en haut. Des gens se sont installés dans le dortoir, et se reposent. Je papote 1/2h avec eux. Ils sont étonnés devant tant de jours de rando : ils me posent plein de questions. Je raconte : intarissable, et un peu fier quand même !

Puis je redescends en bas pour écrire encore un peu. Puis, avec Jan, on regarde le programme de demain : nous arrivons à Py. J’ai réservé hier, tranquille ! On a 6h 25 au topo, avec quand même 2 sommets. Nous verrons bien.

Des randonneurs sont arrivés pour la nuit. Nous allons être 22 ! Le refuge est petit, mais on va se serrer !

Il est 19h 15 ! Le repas est servi : les tables sont pleines : soupe aux champignons, lentilles aux lardons, crème au chocolat. Nous passons un bon moment à papoter ensemble.

Le feu crépite dans la cheminée.

Dommage que la porte soit toujours ouverte pour que les chiens du gîte puissent entrer et sortir! Il n’y a pas d’électricité dans ce refuge et je pense que tout le monde ira se coucher de bonne heure ! Ce soir, le portable ne passe pas. Pas de bisous !

Nous avons des WC extérieurs à 50m, un WC écologique subventionné par le conseil général ! Mais, vu le temps, c’est peu encourageant. Il faudra quand même que je pense à sortir la frontale pour cette nuit.

Le ravitaillement de ce petit refuge se fait avec un vieil âne qui est dehors, et qui a l’air de quémander de l’attention. Il monte jusqu’au premier lacet de la route forestière, et là, le 4X4 apporte tout. Il passe même au col. Mais ce chemin n’est autorisé que pour le refuge.

Tout le monde a fini de manger, et comme il fait clair, car il ne pleut plus, on va discuter dehors.

Des espagnols et des français sont arrivés. Les premiers ont installés un petit réchaud sur la table, les autres ont pris le repas du soir, sans doute bien contents d’être arrivés là, au chaud. Je ne vais pas tarder à faire comme certains : c’est à dire monter et me mettre au chaud dans le duvet. C’était une bonne journée.

 

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 50 : Vendredi 30 juillet 2004 - (Refuge du Ras de la Carança – Py)

Ça bouge avant que ma montre sonne. Comme d’habitude, je fais de petits exercices et hop : debout ! Rangement rapide car je n’ai rien sorti. Je descends avec le sac.

Il n’y a aucun sanitaire dans ce refuge : le seul WC est à 50m à l’extérieur, sanitaire chimique financé par le département. ( J’ai du l’écrire hier ! )

Je prends une serviette et le gant. Le torrent est à 10m en dessous : torse nu, je fais une grande toilette fraîche, mais revigorante !

Puis, c’est l’heure du petit déjeuner : café, tartines, beurre, confiture, pain d’épice. Cela suffit pour démarrer. Il fait un temps magnifique ce matin : pas un nuage. Il est 7h 39 ! Nous serons à l’heure.

Nous papotons encore avec ceux qui viennent de sortir du lit, et nous nous préparons. Jan paie pour nos trois, 87€, et je le rembourse ensuite : 29€.

Puis, nous partons ! Il est 8h pile!

On franchit le torrent un peu plus haut, puis on attaque dans la forêt. Nous montons tout de suite dans le chemin pierreux.

Notre première difficulté est le col de Pal, à 2294m. C’est très agréable dans les pins: nous apercevons, de l’autre côté, le col de Mitja tout en haut, que nous avons franchi hier. Au fur et à mesure que l’on grimpe, le col en face semble baisser.

Je me suis mis, comme d’habitude, entre Jan et Jacomine. Nous avançons bien.

Nous passons plusieurs prairies étagées de plus en plus haut, des jasses. Aucun animal en vue, aucun oiseau : c’est le calme total. Si j’étais parti pour un safari photo, je n’aurais pas eu beaucoup de résultats cette année !

A un moment, nous traversons un coin marécageux. Jan passe, puis je passe à mon tour. Il faut marcher de pierre en pierre, en gardant son équilibre. Jacomine passe à son tour. Son bâton glisse, et elle met le pied dans la boue et s’enfonce presque jusqu’à la cuisse, elle finit par s’étaler sur un petit talus, à moitié dans l’eau et la vase.

Il faut la tirer de là, car elle ne peut pas le faire seule à moins de patauger complètement dans la boue ! Il faut bien être deux pour la relever ! Le torrent est à 10m. Il faut retirer chaussures et chaussettes pour tout nettoyer !

Je lui passe mon gant et ma serviette pour qu’elle se lave les jambes. Elle change de haut car la manche et le côté de son pull sont tout tachés de boue.

Nous en rigolons après coup. Puis, nous repartons. Nous obliquons vers le N-E, et attaquons le col de Pal, à 2294m. Très joli. Puis, nous plongeons dans la vallée du Caret.

Nous descendons rapidement. Dans la vallée, j’aperçois une cabane blanche. En approchant, j’ai l’impression que c’est la yourte que j’ai vu sur Pyrénées Magasine, il y a quelques jours dans un refuge. D’après ce que j’ai lu, c’est le conseil général qui a financé cet achat en Mongolie. Le berger peut ainsi être itinérant plus facilement. Cela coûte moins cher que de construire plusieurs cabanes de berger. ...

Nous faisons halte à un carrefour. Une pancarte indique un refuge à 5 min. Je vais la voir. Ce petit refuge d’Alemany est très sympa : une dizaine de places pour coucher avec matelas en mousse, une grande table, une cheminée et une source devant. Bien.

Je reviens en sens inverse et retrouve mes deux compagnons.

Nous repartons. Nous croisons un couple et ses deux enfants, qui montent pique-niquer au refuge. Est-ce que nous sommes loin ? Oui, car l’altimètre indique déjà 200m de dénivelé depuis tout à l’heure !

Nous continuons notre descente. Nous apercevons Mantet depuis longtemps. Le village se rapproche, mais nous en sommes encore loin.

Le paysage est un peu aride. Beaucoup de terrasses avec de vieux murets, indiquant une activité agricole et pastorale il y a longtemps.

Nous arrivons à la hauteur du torrent et remontons enfin vers le village : on était à 1443m au plus bas. Je photographie un vrai tipi dans le fond d’une prairie : un camp indien sans doute!

Puis, nous remontons dans le village. Qui est perché à flanc de colline. Il semble, lui aussi, au bout du monde. Le col de Mantet est là, au-dessus, mais la route qui en descend, s’arrête au village !

Nous pénétrons dans le village. Nous pensions avoir aperçu les 2 hollandais d’hier, mais personne ! A un carrefour, un véhicule caravane buvette nous propose, sur une petite terrasse, des boissons fraîches.

Jan paie sa tournée. Nous nous arrêtons et je pique-nique un peu pour reprendre des forces : pieds nus, sandales, 1/2h de repos!

Puis, nous repartons. Le col de Mantet est là, à 200m plus haut. Nous serpentons dans la garrigue et les pierres pendant 3/4h. J’ai sorti mon parapluie car il fait très chaud!

Enfin, nous arrivons au col.

La route passe là, et il y a un parking. Des gens viennent de descendre de voitures, et bien sûr, ce sont des … hollandais !

Jan et Jacomine discutent 5 min. Puis, nous attaquons la descente. Nous avons encore 700m de dénivelé négatif à faire. Déjà, les genoux ont eu du mal dans la première descente. Là, j’espère qu’ils vont tenir !

Le chemin est agréable et descend bien. Nous croisons plusieurs fois la route. Et même, nous l’empruntons pendant plusieurs dizaines de mètres. Cela semble très long.

Nous descendons lentement dans cette petite vallée encaissée, à moitié dans la forêt. A un moment, nous croisons un joli panneau, du conseil général, indiquant que nous croisons la méridienne verte.

Enfin, au loin, nous apercevons le petit village de Py. Le paysage est nettement plus sec, voir aride. Cela sent le climat méditerranéen.

J’essaie plusieurs fois le portable. Cela ne passe pas. Pourvu qu’il y ait une cabine à Py ! Dernier arrêt au-dessus du village. Plus que 100m de dénivelé ! Les genoux ont tenu. Nous pénétrons dans le village et arrivons au gîte.

Personne, nous nous installons. Avons-nous bien fait de réserver ? Oui ! Sur une ardoise, de noms sont inscrits. Nous sommes 9 à avoir réservé pour 13 places disponibles. Je veux prendre une bonne douche chaude ! Non ! Elle est froide ! Je la prendrai tout à l’heure !

Nous trouvons la dame du gîte qui arrivait pour voir si il y avait du monde. Comme elle ne fait pas de cuisine au gîte, les randonneurs vont au resto à côté. Elle allume le chauffe-eau ! Ça y est, la douche va être chaude !

Ça fait du bien, après une nuit au refuge et un lavage matinal et glacial ! Je mets des vêtements propres, et je vais faire un tour dans le village. En arrivant, j’ai vu une pancarte indiquant une alimentation.

Je sonne, pour que la jeune fille descende de chez elle pour ouvrir la petite boutique. Je fais une ou deux provisions en vue des jours prochains, car demain soir, nous couchons en cabane. Puis, je reviens au gîte.

Je lave quelques affaires du jour, comme Jacomine. La dame du gîte nous a dit de venir étendre dehors chez elle, devant son perron.

Puis, j’écris un peu. J’ai pris du coca et de l’orangina, pour mes deux hollandais et pour moi. Le gîte se peuple doucement.

Les randonneurs, qui avaient réservé, arrivent les uns après les autres. Cela s’anime doucement. Chacun raconte ses aventures du jour. Nous étudions le programme des jours suivants. A un moment, nous pensons même couper par le Canigou et son sommet ! Mais cela ferait beaucoup trop de dénivelé pour demain.

Un couple arrive et nous informe que demain il y a la course à pied du Canigou, et que le refuge des Cortalets sera complet. Nous devons donc faire comme prévu sur le plan et nous arrêter à la cabane de Bonnes Aigues, sur le GR 10. C’est nettement plus raisonnable, déjà que le topo indique déjà 7h 45 pour cette course ! -

C’est décidé ! Nous partirons vers 7h et mettons le réveil à 6h 30 ! J’ai l’impression que nous serons en retard sur l’horaire ! Tout le monde a fait ses petites provisions à l’alimentation du coin. La dame du gîte vient pour faire le point des arrivées, et pour être payée.

Un québécois vient d’arriver. Il hésite à rester. Il y a trop de monde pour lui. Il préfère camper. Tout en se faisant des pâtes, il explique qu’il est parti d’Hendaye le 25 juin, mais qu’il en a assez de la montagne, et qu’il a hâte d’être arrivé à Banyuls !

Nous ne le comprenons pas du tout. Nous qui prenons plaisir chaque jour à découvrir des endroits nouveaux, à voir des gens, à parler avec d’autres randonneurs. Il nous quitte après son repas pour aller camper plus bas, et pour partir de bonne heure demain matin.

Dans 4 jours, il sera à la mer, et nous dans 6 ! De plus, aujourd’hui il est parti de Planès à 8h ! Nous c’était hier matin ! Il a fait deux journées dans une ! Pas étonnant qu’il en ait assez. Il est crevé, et il n’a pas le temps de parler avec les gens. Je ne le plains pas !

Nous papotons tous ensemble pendant que j’écris encore un peu. La dame du resto a dit vers 8h. Aujourd’hui, j’ai acheté une bouteille de Rivesalt. Je sais que Jacomine et Jan aiment ça. J’arrose mon 50e jour de marche ! Quand j’y pense, je n’en reviens pas que cela fasse déjà autant de jours !

Tous ceux du gîte en profitent, et nous nous regroupons autour de la grande table pour papoter.

Puis, je vais à la cabine, dans le bas du village, pour téléphoner à Claudie. Tout va bien. Christophe s’est fait enfoncer sa portière. Claudie repart demain pour retourner chez Telle et Laurent à Limay. Bisous à tous !

Je reviens au gîte. J’écris encore un peu, puis nous allons manger, avec un autre couple de randonneurs. Nous sommes 5 à discuter français et anglais pour que tout le monde comprenne. C’est très sympa ! Le repas est agréable : assiette de crudités, tagliatelles au saumon, et crêpe à la banane chocolat, vin café. Très bien. La ½ pension pour 23.5€, sans le petit déjeuner : ce n’est pas trop cher!

Puis, nous revenons au gîte. Il faut finir les écritures de la journée, car demain je n’aurai pas le temps. Au fur et à mesure, tout le monde est monté, et je suis resté seul à écrire. Il fait doux ce soir, et il y a beaucoup de mouches.

La journée a été belle et riche, mais fatigante. J’ai mis un peu de crème sur mes genoux, car ils n’ont pas aimé le fait de descendre deux fois 700m de dénivelé ! Demain, ça monte dur ! C’est la dernière grosse journée du parcours.

Je suis maintenant seul. Il est 23h, ça sonne à l’église ! J’ai rentré mes affaires, presque sèches. Je vais aller me coucher.

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

Jour 51 : Samedi 31 juillet 2004 - (Py – Cabane de Bonnes-Aigues)

J’avais mis le réveil à 6h 30, et avant 6h, ça commence à bouger ! Et à 6h 05, tout le monde est en bas ! Je descends mon duvet et le plie. Mes vêtements d’hier sont secs, sauf les chaussettes qui finiront de sécher sur le sac.

A 6h 30, nous prenons le petit déjeuner. Jacomine me prépare un thé et une tranche de fromage entre deux biscottes. Très bon. Tout en rangeant, nous papotons.

Un des couples doit arriver à Mérens dans quelques jours et prendre le train aussitôt. On leur fait tellement de compliments sur le gîte qu’ils décident de décaler d’un jour leur retour et de s’y arrêter !

Nous faisons notre petite vaisselle et rangeons tout bien net : chacun met la main à la pâte, et ça va vite ! Il va être 7h, nous sommes prêts à partir. Vérification, et au revoir à tout le monde. Les autres vont dans le sens contraire, vers le refuge du Ras de la Carança.

Nous démarrons du village à 1023m. Nous prenons vers le bas du village et filons par une petite route qui dessert le hameau de Farga. Puis, nous empruntons un petit chemin à droite qui grimpe à flanc de colline.

La végétation n’est plus celle des Hautes Pyrénées ou de l’Arriège, mais elle devient progressivement méditerranéenne, avec des herbes plus sèches, des broussailles, des épineux : ronces, chardons, aubépines… Tout fait plus sec!

Le GR 10, ici, est très mal entretenu, et nos jambes frottent constamment les ronces et les épineux : c’est désagréable !

Le sentier serpente dans les rocailles à flanc de montagne, passant d’un éperon à l’autre, d’une petite vallée à une autre.

Au loin, j’aperçois, d’après la carte, la ville de Vernet les Bains, tout en bas.

Puis, nous obliquons vers le col de Jou, que nous atteignons vers 8h 45, à 1125m.

.....

Les deux hollandais, que nous croisons et recroisons depuis quelques jours, sont sur le bord du chemin. Ils ont campé dans la montagne, à la sortie de Py. Puis, ils nous redoublent lorsque nous nous arrêtons à notre tour.

Nous repartons. Des voitures montent sur un large chemin forestier. Notre sentier grimpe tout de suite très raide. Mais nous sommes dans les sapins, à l’ombre, et cela passe très bien. Un monsieur, puis un couple nous dépasse. Ils sont peu chargés. Nous retrouvons le large chemin carrossable au col du cheval mort, à 1454m, et nous continuons à avancer dessus.

Quelques voitures nous doublent en faisant beaucoup de poussière ! L’altimètre monte doucement. Au loin, de l’autre côté, j’aperçois le refuge de Mariailles. Encore 30 minutes et nous y sommes. Les deux hollandais sont là, à se reposer et à boire un coup. Ce que nous faisons aussi. Nous sommes maintenant à 1718m.

Jan paie sa bière. J’essaie le portable : ça passe. Claudie se gare et me rappelle. Tout va bien, bisous. Nous étudions la carte. Nous n’avons pas encore fait la moitié ! Le coin est joli, et le Canigou est caché derrière le massif qui est juste devant le refuge. Nous le verrons tout à l’heure.

Il va falloir repartir. Le prochain col, le plus haut de la journée, est à 2040m : encore 300m de montée, cela va passer tranquillement ! Il est 11h 30 quand nous reprenons le GR 10. Une photo et hop!

Le sentier monte le long de la clôture en bois jusqu’au parking. Il y a plein de voitures, surtout des 4X4 ! Mais certaines berlines normales sont montées dans la pierraille et la poussière ! Bonjour les amortisseurs!

Nous attaquons un sentier forestier qui va nous conduire, pendant des heures, dans tous les recoins des petites vallées.

Ça monte à peine, mais c’est agréable car nous sommes à l’ombre. Nous passons un petit col, puis nous commençons à grimper un peu. Après le col Vert la forêt s’éclaircit un peu, et il faut aller jusqu’au bout de la vallée pour passer de l’autre côté sur l’autre versant.

Nous continuons à monter doucement. Nous passons la barre des 2000m.

Encore une fois, au fond de la Jasse de Cady, nous revenons sur l’autre versant. Nous avons une vue sur la vallée et la ville de Vernet les Bains. Très joli!

Puis, nous repartons dans la forêt. Enfin, nous parvenons au col de Ségalés, à 2040m. Le chemin fait un coude vers le Nord.

Juste avant, nous avons pu voir de loin et d’en haut le refuge de Mariailles où nous nous sommes arrêtés ce matin.

Nous pique-niquons pour reprendre des forces. Des gens descendent vers le parking.

....

Malgré que nous ajoutions toujours du temps au topo, nous trouvons que nous n’avançons pas vite. Il fait chaud et dans les parties dégagées je sors mon parapluie. Nous abordons de très nombreux pierriers où j’ai mille fois l’occasion de me tordre les pieds. -

Nous arrivons au dernier petit col: Col de la Jasse d’en Vernet. De là, en face, sur l’autre versant, nous pouvons voir la cabane-refuge de ce soir. Elle semble à la fois près et loin ! Une pancarte indique le refuge à 45 min. Erreur de croire ça ; nous mettrons 1h45!

Certes avec des arrêts mais quand même. Nous redoublons les hollandais, puis c’est leur tour. Après bien des pierriers nous les retrouvons à une source qui coule d’un tuyau! Fount de l’Escurço. (serpent en catalan me dit on!) Nous faisons le plein d’eau fraîche. Je me lave tout le corps avec le gant. Ca sèche tout de suite: quel bonheur!

Nous repartons. Encore des pierriers ; il faut passer un ravin : le ravin des Isards !

Aucun en vue ! Le Canigou est au dessus de nous et nous voyons de petits points qui se déplacent sur la crête, à plus de 2784m.

Nous apercevons le grand chemin en contrebas. Mais nous y arrivons après quelques pierriers et quelques lacets. La pancarte indique le refuge ( cabane ) à 15 minutes. Elles sont les plus dures ! La cabane est à 1741m.

Il y a déjà 1 famille avec 3 grands et 1 tout seul. Nous nous installons sur un couchage en hauteur, tous les 3, genre de mezzanine sans rebord ! Les 2 autres hollandais arrivent à leur tour. Ils vont installer leur tente au-dessus près du chemin. Coup à boire. Sandales.

Je commence à écrire. Je sens que ça me démange sur les jambes : je me suis fais attaquer par de grosses fourmis noires ; je fais le ménage et je change de place. Je passe un coup de fil à Claudie. Elle est arrivée à bon port. Tant mieux. Tout le monde repart demain à Arthon!

Nous mangeons de bonne heure. Jacomine me donne de la soupe aux poireaux, pommes de terre. Très bonne, mais je me brûle un peu la langue tellement elle est chaude .Jan, qui l’a fait bouillir, nettoie la table, car ça a débordé ! Je mange ma boîte de maquereaux à la moutarde. Délicieux ! Avec un bout de fromage. Je n’ai plus faim. Jacomine me propose un cappuccino : il passe très bien!

Puis, j’écris encore un peu. Ce soir, tout le monde va se coucher de bonne heure ! Ça va être à la dure, comme dans la cabane de Clarans: sur du bois ! Mais nous avons un toit sur la tête !

Il est 20h. Les gros nuages de tout à l’heure sont passés. Toute la vallée s’enveloppe de brume : on ne distingue plus les crêtes sombres des massifs. C’est joli ! Nous nous préparons. Sur la petite plate-forme, à 2m du sol, je vais dormir côté vide ! J’espère ne pas me casser la figure cette nuit. Cela me ferait tout drôle de me retrouver par terre !

Bonne nuit à tous! Ah! Du bruit dehors! Un hélicoptère monte dans notre petite vallée. Tout le monde est devant la cabane, à regarder. Il monte doucement, au-dessus des sapins. De l’autre côté, assez loin, près d’une barre rocheuse. Il fait des tours comme si le pilote cherchait à repérer quelqu’un.

Puis, il descend derrière la barre. Un monsieur, à côté de moi, avec des jumelles, suit les opérations. Un homme en orange descend au bout d’un câble. Quelques minutes plus tard, un point blanc remonte vers l’appareil. Une fois l’homme rentré dans l’hélicoptère, celui-ci repart vers le bas de la vallée.

Nous sommes un peu perplexes. Nous patientons une dizaine de minutes, puis l’hélico revient. Nouvel épisode ! Il refait un tour, se positionne descend doucement, et remonte un deuxième homme. A chaque fois, il commence son retour en remontant sa charge qui se balance en dessous. Dix minutes plus tard, il revient pour un troisième tour.

Nous sommes tous là à profiter du spectacle. Le monsieur me prête ses jumelles quelques instants. J’essaie de faire des photos. Mais l’hélico est quand même loin, et je bouge un peu!

Il se positionne de nouveau et là, nous apercevons deux points, un blanc et un orange, qui remonte ensemble. L’opération semble terminée ! Puis, il file vers le bas de la vallée, définitivement.

Nous faisons des hypothèses. Sans doute des alpinistes ou randonneurs en grandes difficultés dans le canyon derrière la barre, et qui ont demandé du secours ? Un exercice en situation réelle ? En discutant avec le monsieur, qui va faire le Canigou demain en famille, et qui est du coin, il me confirme que le 112, sur le portable, passe par le satellite, et, qu’avec ce moyen, les secours peuvent nous localiser avec précision.

Nous n’avons pas de télé, mais nous avons eu du spectacle pendant plus d’une demi-heure ! Puis, chacun se prépare. Il est 21h. Je passe un dernier coup de fil à Claudie puisque ça passe. Je lui raconte nos aventures !

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

 

Jour 52 : Dimanche 1 août 2004 - (Cabane de Bonnes-Aigues – Refuge de Batère)

Ce matin, après une bonne nuit, même si les planches paraissent toujours un peu dures, pas besoin de réveil. Celui qui est tout seul bouge d’abord, puis c’est le monsieur. Ma montre sonne 6h30.

Il faut d’abord s’assoir doucement car si on se redresse trop, la tête touche le plafond qui s’écaille ! Petits exercices. Les genoux ont l’air d’aller. J’ai oublié hier soir de mettre de la crème.

Polo, veste, sandales. Je plie mon duvet et descends l’échelle en fer pour regagner le plancher des vaches. Je ne suis pas tombé cette nuit. Les fois où j’étais réveillé et que je me tournais de côté, je faisais attention ! En se tassant, on aurait pu dormir à 4, alors je m’étais sensiblement rapproché de Jan ! Avec mon bras, je tâtais le bord pour évaluer où était le vide .Il fallait garder une petite marge!

Je grignote une barre et bois un coup d’eau. Puis, je prends mon gant et ma serviette, plus ma gourde vide, et je vais à une petite source située à 5 minutes plus haut sur le chemin. Il paraît que l’eau coule faiblement d’un tuyau. Je marche sans bruit, regardant et écoutant aux alentours. J’arrive à la petite source : ma gourde d’abord !

L’eau fait un petit bruit clair au fond sur l’alu, et au-dessus du talus, à 3m de moi, ça bouge dans les fourrés. Je vois les grandes herbes remuer chacune à leur tour en montant, tout en entendant des grognements de porc. Pas de doute : un sanglier ! J’observe sans bruit, du chemin, pas trop rassuré quand même !

Dans les grandes plantes qui couvrent le versant, ça bouge à deux endroits différents : ils sont au moins deux ! J’attends avant de me laver : ça bouge toujours et ça grogne. ( traduction: T’as trouvé de bonnes herbes ? Oui, t’as entendu du bruit ? Non, t’inquiète pas, je suis là ! )

Puis, je vois une grosse masse marron sortir des herbes à une vingtaine de mètres au dessus : voilà l’un des monstres de la forêt. Puis, ils vont s’agiter plus haut. Je finis ma toilette, et reviens vers la cabane.

En chemin, je croise Jacomine qui va remplir ses gourdes. Je la préviens comme je peux, j’espère qu’elle a compris ! Puis, Jan arrive sur ses talons. Lui comprend tout de suite avec mes « wild porc ! » Mais ils verront bien.

Je finis de me préparer. Mes deux compagnons reviennent de faire leur plein d’eau sans encombre, et, le temps de dire au revoir à tout le monde, nous partons. Les deux hollandais d’hier se préparent à plier leur tente. La famille de 5 nous dit à tout à l’heure, car comme ils voyagent léger, ils comptent nous rattraper !

Nous empruntons le large chemin forestier pendant quelques minutes, et bien avant la petite source, nous prenons à droite un sentier qui monte dur en serpentant au dessus de l’endroit où étaient les sangliers. Pas de bruit dans les fourrés : les bêtes ont disparu.

Nous montons plein Est au dessus de la cabane que nous ne voyons plus. De 1740m, nous passons la crête à 2067m!

Les 5 de la famille Canigou, qui vont grimper jusqu’au sommet, ne nous ont pas rejoint. Je les aperçois, lors d’un arrêt sur une barre rocheuse, qui nous permet de passer d’un vallon à l’autre. Ils sont encore bas, près d’un abri en pierres, dans la Jasse de Casteille. Eux vont prendre à droite pour aller au sommet.

Puis, nous continuons. Le sentier monte et contourne le massif par le Nord. Vers 2250m, nous arrivons au carrefour du GR qui descend du Canigou. Le sommet est à 1h 30! Pas cette année!

Aujourd’hui, le sentier est bien balisé, pour la course à pied, avec beaucoup de bandes rouges et blanches pour marquer les tournants, ou pour empêcher les coureurs de s’écarter du sentier. C’est normal, c’est la Course du Canigou.

Des randonneurs, que nous croisons, nous disent que les 2 premiers sont déjà passés ! Nous descendons vers le refuge des Cortalets, et vers le bas, il y a déjà du monde sur le bord. Personne derrière nous en tout cas!

Deux gardes, ils sont en uniforme kaki, arrangent les bandes arrachées. Ils viennent d’arriver et ne sont pas au courant des passages. Sympa ! Comme aimables : il y a mieux ! Nous arrivons en vue du refuge : ça grouille de monde et de voitures. Plein de jeunes ont dû camper dans la prairie avant d’arriver aux bâtiments.

Un cri derrière: deux coureurs nous dépassent, ...

... dévalant le sentier de pierre en pierre comme des isards ! Il y a longtemps que je me serais tordu une cheville ! Enfin, nous arrivons au refuge, à 2150m : ça fait aussi vieil hôtel. Les coureurs doivent passer sur la droite, entre les rubans qui marquent leur chemin.

Nous nous installons à l’intérieur d’une terrasse fermée pour regarder les coureurs. Jan commande 3 grands cafés. Le gars en apporte 3 petits !

....

Je vais commander 3 autres cafés. Ce coup-ci, j’obtiens des grands ! 7,20€ ! Au passage, je prends des sachets de pruneaux, c’est de la Pub comme au refuge des Bésines, une pleine poignée, pour Jan et pour moi !

Je prends une photo des coureurs, et papotent avec deux messieurs assez jeunes attablés devant leur café et qui parlent de la course. Ils nomment même ceux qui passent. Ils me racontent que, sans des problèmes de genoux, ils y auraient participé, comme les années précédentes.

Ils m’expliquent qu’ils y a 582 concurrents engagés, en trois catégories : les randonneurs partis de Vernet à 5h 30, les coureurs chargés à 8kg partis plus tard, et enfin les coureurs sans rien partis après .

Tout ce petit monde va effectuer la boucle Vernet – sommet du Canigou – refuge des Cortalets – Vernet. Le parcours fait 32km et les premiers le font en un peu plus de 4h ! Il faut être vraiment très fort !

Nous repartons. Toutes les deux minutes, des coureurs arrivent dans notre dos, et il faut se ranger sur le côté pour les laisser passer. Nous rejoignons de nouveau le large chemin forestier. Peu après, les coureurs obliquent par un sentier sur la gauche vers Vernet. Maintenant, le GR 10 suit cette route en terre sur au moins trois kilomètres.

Quelques voitures montent et font beaucoup de poussière. Cela me paraît très long. Jan et Jacomine sont devant. Je ne cherche pas à les rattraper. D’ailleurs, est-ce que j’en serais capable ? Le chemin descend doucement : j’ai sorti le parapluie. J’ai chaud et les genoux commencent à chauffer. Quand je marche toujours au même rythme soutenu, ils n’aiment pas !

Je ralentis un peu. De temps en temps, ils s’arrêtent, je rejoins la troupe, on papote deux minutes, puis ils reprennent leur train soutenu que je ne peux suivre. Enfin, au bout d’une heure, si j’ai pensé 3, cela doit faire 5 ou 6km ! Nous nous arrêtons pour casser une petite croûte.

La route fait un coude à gauche et le GR 10 prend sur la droite. Je vais apprécier ce temps de repos. Evidemment, là où nous nous arrêtons, il y a … 3 hollandais en train de manger. Salut ! Nous quittons chaussures et chaussettes. Jan et Jacomine me servent des biscottes avec du fromage, puis du pâté.

Les deux hollandais habituels nous dépassent. Nous nous reposons bien à l’ombre. Je passe un coup de fil à Claudie, qui avec la troupe, est en route pour la maison. Pour l’instant, ils font eux aussi la pause. Bisous.

On repart. Nous empruntons un chemin en corniche, que Phil adorerait ! Il s’appelle le Balcon du Canigou: il est à flanc de montagne, et le ravin plonge à gauche vers le fond de la vallée.

Ça paraît très profond ! Prudence ! Je plie même le parapluie pour avoir les mains libres au cas où, tellement c’est étroit et périlleux par endroit!

Avec les pierres qui chauffent, on se croirait dans un four, comme dans un micro-ondes ! Enfin, nous arrivons au bout du vallon. Un petit torrent descend du Canigou. Je trempe ma casquette qui me dégouline de partout: cela fait du bien!

Nous redépassons les 2 hollandais qui se sont arrêtés à l’ombre pour pique-niquer, eux aussi, près d’un joli torrent. Puis nous revenons sur le versant à l’ombre, et entre les arbres. Bien qu’il y ait des endroits difficiles, c’est très agréable

Nous avons décidé de faire une halte à une cabane : mais elle tarde à venir ! Le chemin semble long, c’est la fatigue ! Enfin, nous y parvenons et faisons halte : c’est la cabane du Pinateil, à 1650m. Cela veut dire boire un coup ou même partager une barre, un Mars pour reprendre des forces ! La cabane est habitable, et peut abriter quelques personnes en cas de problèmes ou d’orage.

Nous repartons. Le prochain but est une cabane forestière, avant le col. Le sentier reste quasiment au même niveau pendant une heure : ça monte, ça descend, on fait le tour dans un vallon, on passe de petits torrents dans lesquels je trempe ma casquette.

J’ouvre mon parapluie côté soleil, je le ferme côté ombre ou dans les endroits difficiles. On passe quelques pierriers. Puis, on descend en lacets jusqu’à la maison forestière de l’Estanyol, à 1479m une partie pour le vacher et une partie refuge pour les randonneurs. C’est sympa!

Là, une dame, sur une table à l’ombre, fait de la dentelle : un joli napperon. C’est la mère du vacher, elle vient passer des vacances avec lui.

Nous papotons. Elle a sa radio, elle voit des gens, elle est avec son fils, et la voiture est sur un chemin privé plus bas, à deux minutes. Elle est heureuse, au calme. Nous faisons le plein d’eau à la source qui coule très doucement. Puis, nous repartons, alors que les 2 hollandais arrivent.

Nous avons encore 1h 45 de route pour le refuge de Batère. La dame nous a parlé d’une petite montée avant le col : j’ai l’impression que ça grimpe bien plus que cela ! A une halte, les 2 autres hollandais nous repassent.

Puis, nous finissons de grimper. Pour terminer, le sentier suit l’horizontal pendant 1/2h. Nous rejoignons tout le monde! Nous attaquons la descente derrière les 2 hollandais partis devant, et 2 français qui descendent d’un autre pic. Quelques coups de tonnerre ! Une pancarte indique le gîte à 45min. Nous allons quand même mettre 1h!

A un moment, une sorte d’abri sous roche nous fait découvrir une cinquantaine de brebis terrées contre la pierre pour rechercher la fraîcheur. Pas une ne bouge lorsque nous passons à 10m d’eux. Photo!

La roche est toute couleur rouille. C’est à cet endroit qu’il y avait jadis des mines de fer à ciel ouvert. Nous apercevons enfin le vallon où se trouve le gîte. Je ressens la fatigue de la journée.

Enfin nous arrivons. Cela fait du bien de se mettre en sandales et de boire une bière fraîche sur la terrasse, que Jan nous paie ! Il y a de la place dans le gîte. Il fait aussi hôtel!

Nous sommes seuls. Bonne douche chaude et vêtements propres. Je lave, comme Jacomine, quelques affaires de la journée trempées de sueur. Puis, je commence à écrire.

Je passe un coup de fil. Ça y est chacun de son côté est bien arrivé : l’équipe des vacanciers et celle des randonneurs ! Bisous à tous ! Nous étudions le programme pour les jours suivants. Je prends le portable et je réserve dans les trois derniers gîtes ! Comme cela, nous serons tranquilles.

Le repas est à 19h 30. Nous avons le temps. Jan, plus que sa femme, veut faire des progrès en français, et n’arrête pas de me parler.

Je ne peux pas finir d’écrire le compte-rendu de la journée. Ce n’est pas grave. J’essaie de lui faire comprendre certaines subtilités de notre langue: on rigole bien!

Le repas du soir est à l’auberge, juste quelques mètres à côté : repas du randonneur bien sûr ! Assiette de crudités avec tranche de pâté, cuisse de confit de canard avec pommes de terre frites en rondelles et gâteau. Jan paie le vin rouge. Nous prenons un café en continuant à discuter.

Depuis deux jours, j’ai demandé à Jacomine de me sortir, à chaque arrêt, son dictionnaire hollandais – français. J’aurai préféré dans l’autre sens pour avoir la prononciation. La mienne, pour certains mots les font bien rigoler ! Un grand nombre de mots ont une origine latine, pas la prononciation, et je retrouve certains mots anglais. Enfin, on apprend chacun de notre côté.

Puis, nous discutons avec un autre randonneur croisé 3 jours avant au refuge du Ras de la Carança, et qui a fait l’ascension du Canigou. Sympa ! Je paie, et comme nous voulons partir de bonne heure demain matin, nous emportons un plateau garni pour nous faire un copieux petit déjeuner !

Nous voulons être à Arles sur Tech avant midi, pour faire des courses. Normalement, c’est une course de 3h 15 au topo. Il nous faut partir vers 7h 30 pour être tranquille. Nous revenons au gîte, situé 10m plus bas, dans une partie aménagée d’un immense bâtiment genre caserne!

Je rentre le linge que j’avais mis à sécher dehors sur des fils. Il est encore un peu humide. Mes chaussettes doivent absolument sécher pour demain car j’ai lavé les deux paires. J’ai jeté la troisième qui était trouée!

Puis, j’écris pendant que Jan fait comme moi. Jacomine se prépare pour aller se coucher. Dans l’autre dortoir, un couple d’anglais s’est installé. Nous reprenons le cours de français avec Jan pendant plus d’une demi-heure. Je n’avance pas dans mes écritures !

Puis, vers 22h, il va se coucher, et je peux enfin finir mon compte-rendu. Pour notre cours de langue, je suis allé nous chercher deux bières au resto, histoires que cela se fixe mieux dans la mémoire!

Il est presque 23h. La journée a été longue et dure, mais agréable.

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

 

Jour 53 : Lundi 2 Août 2004 - (Refuge de Batère – Moulin de la Palette)

J’ai passé une bonne nuit malgré un traversin un peu dur ! Le réveil sonne, je viens juste d’ouvrir les yeux. Nous bougeons. Je passe au rangement. Les affaires sont sèches, les chaussettes sont un peu humides au niveau de l’élastique. Elles finiront de sécher sur le bonhomme !

Je finis de ranger le sac. Dehors, le soleil brille, malgré quelques nuages en altitude. Il va faire beau ! Nous voulons partir de bonne heure, pour arriver à Arles sur Tech avant midi.

Comme le gérant ne servait pas le petit déjeuner avant 8h, il nous a préparé un plateau hier soir. Jacomine fait chauffer de l’eau, et j’ai un café tout chaud de servi. Avec des tartines beurrées et de la confiture, une petite brioche, je suis calé. Très bon.

J’écris quelques mots. Je lave mes couverts et mon bol, puis je me prépare. Nous allons partit vers 7h 30 – 7h 40. Très bien. Pour Arles, nous avons presque 1220m de dénivelé négatif, car la ville est à 282m! Nous démarrons à 1500m. Arles est le point le plus bas depuis Hendaye. Attention aux genoux !!!

Nous prenons la route. J’essaie le portable : j’ai le répondeur. Claudie me rappelle aussitôt. Les vacanciers de Besançon viennent d’arriver. Elodie fait la connaissance de Virgule. Bisous à tous ! Plus que quatre jours avant de nous revoir!

Les vaches, sur le chemin, semblent répondre « bisous » en écho ! Puis, nous quittons la route, et plongeons pour nos 1200m de descente. Le sentier descend dur dans la rocaille et les herbes sèches.

Puis, nous alternons avec la forêt de châtaigniers et des chênes verts, et de la garrigue. Nous entendons nos premières cigales.

L’altimètre descend doucement, mais il doit parvenir à moins de 300m, et il est toujours au-dessus de 1000m !

Nous croisons des traces de la présence des anciennes mines de fer situées au-dessus du refuge de Batère, car de place en place, et presque jusqu’en bas, nous trouvons des câbles par terre ou dans les arbres.

Il reste aussi de grands pylônes rouillés d’où pendent des restes de filins, des poutrelles, de ferrailles… Pas joli du tout. Qui va payer pour tout enlever ? Le topo indique que les mines ont définitivement fermées en 1987, c’est quand même récent !

De temps en temps, le GR 10 suit un sentier de mine, et parfois, il coupe en descendant fortement pour rattraper le lacet plus bas. Au détour du chemin, nous croisons un groupe de 8 randonneurs, et bien sûr, ce sont des … hollandais ! Ils viennent de Banyuls, et montent vers Batère. Ils papotent 5 minutes, et nous repartons.

Il fait de plus en plus chaud. Il faut faire des arrêts de temps en temps pour boire un coup. Le paysage est magnifique : ça sent le climat méditerranéen. Nous plongeons maintenant sur Arles sur Tech, dont nous apercevons les maisons des faubourgs.

Nous longeons une ancienne plantation de chênes-lièges. On voit les troncs dénudés, encore rouges. Peut-être est-ce une remise en fonction? On dirait que le terrain est un peu nettoyé.

Enfin, nous attaquons la descente sur Arles, et le centre ville. Mes genoux ont bien tenu, car si la descente a été longue, nous avons fait de nombreuses pauses.

Mes compagnons veulent faire des courses, moi je file à la Poste ! Je veux me débarrasser de quelques kilos : elle est ouverte ! Il est 11h 30. J’ai de la chance. Je déballe mes sacs : j’ai pris deux grosses boîtes et j’y mets tout ce que je ne veux plus ou ne me sers plus : gros blouson, gants, chemise, serviette, short, carnets, feuilles, topos…. Je ne garde que le minimum !

Les deux boîtes sont pleins : 4,680kg ! Je vais être plus léger ! Jan me récupère dans la poste pour me dire qu’ils vont au SPAR, un peu en dessous de la poste. Je prends aussi une recharge SFR de 25€ pour le portable, et je les rejoins.

Je fais quelques achats pour ce midi et demain. Nous avons retrouvé les deux hollandais de ces jours derniers. Ils vont s’arrêter à Arles un jour pour faire la lessive et des courses. Adieu !

Nous remontons la rue où se situe l’hôtel dans lequel nous étions descendu Claudie et moi, il y a deux ans, lors de mon départ pour la Grande Bleue, en 3 jours.

Nous nous installons à la terrasse sur la petite place en haut, Jan paie une bière. Nous papotons avec un couple de jeune anglais. Puis, nous filons.

.....

Nous quittons Arles sur Tech, et cherchons un endroit à l’ombre pour déjeuner. Dans le lit d’un petit torrent à sec, protégés par la végétation dense, nous sommes au frais. J’ai droit à un abricot. Je leur fais une tartine de pâté à chacun, je finis la boîte, et partage le reste de la saucisse sèche de Mérens en trois.

Avec Jan, nous finissons le fromage de chèvre. Ils mangent leur yaourt, et quand ils ont fini, je leur remplis leur gobelet de riz au lait ! Il est encore frais ! Délicieux. Avec de l’orangina rouge, ça passe très bien !

Nous repartons. Il est 14h passées, et là, lorsque nous sommes à découvert, c’est le four ! J’ai sorti le parapluie, mais il fait quand même très, très chaud ! L’altimètre monte doucement. Nous peinons dans cette montée vers le col de Paracolls, situé à 902m!

Nous avons 620m de grimpette depuis Arles, dans la rocaille chauffée à blanc ! Heureusement, de petits coins d’ombre nous permettent de nous reposer et boire un coup.

Les deux jeunes anglais nous rattrapent à une pause dans la forêt. Ils ont un problème : ils veulent l’heure des cars qui partent demain soir ou mercredi matin, du Perthus vers le Boulou. Le portable de l’anglais fonctionne. Il a un numéro, et bien sûr qui est de service pour demander les renseignements?

C’est moi ! 17h 10 ou 10h du matin. Ça va ! Comme ils campent, ils vont essayer de s’avancer le plus loin possible sur le GR.

Nous repartons. Ça grimpe vraiment dur ! Enfin, nous parvenons au col de Paracolls. Ouf ! Nous redescendons doucement dans la forêt de châtaigniers et de chênes verts. Il fait meilleur sur ce versant, très souvent à l’ombre.

Nous rejoignons les 2 jeunes anglais qui font de l’eau à un petit ruisseau. Comme ils ne s’arrêtent pas au gîte, ils veulent avoir le plein. Ils ont une petite pompe, pas aussi sophistiquée que celle de Jan ! Nous repartons tous ensemble. Nous sommes dans la forêt de châtaigniers. Il fait chaud, mais bon. C’est agréable de marcher !

Quelques barres rocheuses nous ramènent au soleil. Comme je n’ai pas réglé mon altimètre, je ne peux donner une mesure exacte. Le GR est bien marqué. Nous suivons de loin, le couple de français qui avance vers le Moulin de la Palette, comme nous.

A un moment, nous croyons être arrivés, mais le GR 10 fait un détour et remonte : «  propriété privée- défense d’entrer », peut-on lire sur la pancarte !

Nous remontons de plusieurs dizaines de mètres et faisons le tour jusqu’au fond de la vallée, pour revenir de l’autre côté.

Enfin, après avoir traversé le torrent, nous arrivons au gîte. L’orage qui grondait depuis une heure commence à être menaçant. Nous nous installons en terrasse, à l’abri bien sûr, et buvons une bière. Nous avons quitté les deux anglais qui vont camper plus loin. Bon courage !

Deux jeunes randonneuses qui nous avaient dépassés sont installées à la table. Elles attendent que l’orage passe pour repartir. Les abeilles sont un peu agressives !

Il se met à pleuvoir très fort. Nous nous installons à l’étage dans le gîte. Les travaux extérieurs semblent ne pas être finis.

Il y a deux anglais, un couple dans nos âges. Je commence à écrire, puis, à mon tour, je prends ma douche et fais une petite lessive.

Je vais chercher à boire à mon tour pour nous trois. Puis, nous discutons avec les 2 anglais. Les deux jeunes filles, vu le temps, ont décidé de passer la nuit au sec dans le gîte. Elles vont faire leur cuisine et manger en haut, seules.

Vers 19h 30, la dame nous dit que le dîner est prêt, et nous descendons. Nous sommes 5 à table : mes deux compagnons de route et les deux anglais.

Nous mangeons sous la tonnelle : crudités : tomates, salade, maïs, concombre, omelette, lentilles carottes et aubergine, et je ne sais pas trop quoi, plus un fruit. Délicieux. Je paie ma bouteille de vin et les anglais aussi!

Le gérant revient. Il nous raconte les histoires avec un propriétaire qui ne veut plus que le GR 10 passe sur ses terres. Cela a fait du tord au gîte qui a vu moins de monde passer. C’est pourquoi les travaux font une pause depuis quelques mois.

Heureusement qu’il a sa miellerie : il nous la fait visiter. Pendant une demi-heure, il nous explique comment il récolte, comment il prépare le miel, comment il s’occupe des ruches. Moi, j’ai déjà donné plusieurs fois. Mais les deux autres couples posent des tas de questions.

Avec Claudie, Phil et les enfants nous en avons visité une aux Eaux-Bonnes, avant Gourette : ça faisait plus industriel et très pédagogique. Là, c’est vraiment artisanal. Tout le matériel date un peu : on peut toucher et même on trempe le doigt pour goûter ! Nous en aurons demain matin au petit déjeuner !

Puis, nous remontons. Le gérant nous verra demain matin pour nous expliquer la variante qui nous fera gagner 1h et demie sur le GR 10, et qui nous amènera quelques temps en Espagne !

Retour au premier, après avoir papoté avec les anglais et fini la bouteille de rouge ! Nous avons bu deux bouteilles à cinq : ils ne crachent pas dessus !

J’écris un peu. Le portable ne veut pas passer. Tant pis, je m’y attendais. Il est 21h 40. Je vais me coucher. J’ai un grand lit avec une grande couette épaisse, dans un lit moelleux !

 

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

 

Jour 54 : Mardi 3 Août 2004 - (Moulin de la Palette – Las Illas)

Mon stylo bleu vient de me lâcher, alors que je mettais, hier soir, un petit mot sur le livre d’or. J’ai passé une très bonne nuit dans mon grand lit moelleux. Je m’éveille juste avant ma montre sonne.

Je me suis levé dans la nuit, et j’ai eu du mal à me rendormir. Pourtant, il faisait doux et j’étais bien dans mon petit coin de dortoir !

Les anglais et mes deux compagnons se secouent. Il n’y a que les deux françaises qui restent encore dans leur dortoir, sous leur duvet. Je range mon sac et passe dans le cabinet de toilette. Mes affaires lavées sont sèches.

Il est 7h : c’est l’heure du petit déjeuner. Le gérant a tout installé sur la terrasse. Nous commençons, mais les abeilles arrivent, trop nombreuses, et il nous invite à l’intérieur. Vite, une table et des chaises et nous voilà à nous régaler en discutant, un peu serrés dans sa petite boutique.

Il s’excuse, mais dans quelques années, cette terrasse sera fermée. Il nous rappelle que la fréquentation du gîte a baissé de 50% depuis deux ans, et que toutes les transformations n’ont pu être réalisées. Il a bon espoir.

Cette petite boutique est sympa. Il nous fait goûter à toutes les sortes de miel. C’est sucré et fort si bien qu’à la fin ça passe moins bien ! Mais nous sommes rassasiés.

Le gérant nous indique la route à suivre pour gagner du temps : tout d’abord on ne prend pas le GR, mais un chemin balisé en bleu, qui coupe et rattrape le GR 10 au col de Cerda. Puis, on suit un peu le GR avant de prendre le HRP qui suit les crêtes jusqu’au Puy de la Neige. Nous devons suivre le chemin qui passe en Espagne jusqu’au refuge de Salines, avant de revenir sur Las Illas.

Nous avons noté tout ça. Quelques minutes après, nous partons : il est 8h.

Les deux anglais complètent le groupe : nous marchons à 5 aujourd’hui ! Nous prenons la route à droite sur 500m, puis un grand chemin à gauche, et 1km plus loin, un sentier fléché en bleu qui grimpe dans la forêt.

Le Moulin de la Palette est à 661m et nous devons atteindre 1058m au col de Cerda, pour débuter. Je marche derrière Jan, puis viennent ensuite les deux anglais et Jacomine ferme la marche.

La montée est agréable ce matin dans la forêt, parfois à l’ombre, parfois au soleil. L’altimètre monte doucement, et nous avançons régulièrement. Le paysage est magnifique.

Comme hier, j’entends les cigales, signe que nous avançons vers la Méditerranée. Nous faisons une halte sous le col, après une heure de marche, près d’un groupe de maisons abandonnées.

.....

Nous finissons notre ascension jusqu’au col. Là, un troupeau de vaches nous attend. Puis, on monte à droite, en reprenant le GR 10, vers les crêtes. Il y a eux ans j’étais arrivé par le GR, le chemin de gauche, et j’avais donc continué tout droit.

Nous entrons dans la forêt : c’est très agréable, dur mais sympa ! Nous faisons quelques petits arrêts pour attendre Jacomine qui peine dans les montées.

Nous quittons le GR 10 pour emprunter le HRP balisé en jaune, pour continuer sur les crêtes. C’est magnifique : on a une vue parfois d’un seul côté, parfois des deux. Vers le Sud, au loin, on aperçoit la Méditerranée et l’Espagne, sur des dizaines de kilomètres.

Le HRP est parfois un peu aérien, mais ça passe bien. On arrive ainsi à un sommet : le Roc de France, à 1450m.

Un boîte en fer est là pour laisser un message si l’on veut. On en lit quelques uns qui mettent en valeur la beauté de ces paysages.

Nous faisons une pause. L’anglais essaie de grimper sur l’éperon rocheux qui nous domine. Nous faisons une razzia sur des framboises sauvages!

Nous laissons le pic, avec les pylônes sur la droite, et descendons doucement vers un autre petit col, où un berger espagnol avec plein de moutons à l’ombre, se repose sous les arbres, en écoutant sa radio.

Nous dévalons à grandes enjambées, dans un matelas de feuilles mortes, le sentier dans la hêtraie pour arriver enfin sur le chemin du col du Puits de la Neige, à 1240m. Déjà presque 200m de descente !

Jan est déjà passé par là il y a 8 ans. (Et moi, 2 ans, mais par le GR 10) Il nous emmène en Espagne, vers le refuge de Salines, où nous arrivons vers midi. Nous nous installons dans la cour intérieur de cette sorte de couvent.

Jan paie sa bière bien fraîche. Ce matin, j’ai donné à chacun un grand carré de chocolat. Joyce, l’anglaise nous offre un grand gâteau fourré à chacun. Une poignée de cacahouètes de Jacomine, avec les sandales, à l’ombre, c’est super.

Nous papotons pendant 1 heure. Ce matin, le gérant nous avait dit, qu’avec ce chemin, nous serions à Salines à midi. Et à midi pile, nous y sommes ! On se détend. Il y a de l’animation : beaucoup de jeunes espagnols sont là comme en colo!

A 13h, c’est le départ. On demande notre chemin à un espagnol. Il nous montre du doigt la direction que prend Jan, et nous dit de prendre le sentier en dessous. 20m plus bas, nous nous interrogeons. Plusieurs options s’offrent à nous. Laquelle choisir ? Les anglais s’opposent aux hollandais. Je reste neutre, à l’ombre.

Jan remonte jusqu’au refuge pour demander des renseignements complémentaires. Trois jeunes arrivent, et ils me montrent le sentier dans le tournant, et l’un tente de nous expliquer en espagnol qu’il faut suivre les marques rouges!

Jan revient et confirme, les anglais reviennent sur leurs pas, et tout le monde part sur ce sentier. Quelques minutes après, nous arrivons sur un chemin forestier. Il fait très chaud : j’ai ressorti mon parapluie. J’adopte un pas mesuré et me retrouve à l’arrière.

De temps en temps, Jan, en tête, s’arrête, et nous reformons le groupe. Ça descend et les pierres roulent parfois sous les pieds. J’y vais tranquillement ! Jacomine apprécie ! Le chemin semble interminable. Les anglais ont des doutes. On sort à nouveau la carte : Jan est sûr de son chemin, qu’il a déjà pris il y a huit ans.

Nous repartons. Les jambes commencent à fatiguer, et nous faisons une pause nourriture, assis sur l’herbe à l’ombre. Je distribue des pruneaux, du refuge des Cortalets ! Je partage une grosse tomate en 5 ! Jacomine me donne du fromage. Je me fais une tartine.

Les anglais distribuent un bout de gruyère et un petit beurre. Je finis par un yaourt donné par Jacomine. J’essaie de tirer quelques morceaux de ma nectarine écrasée. Bonne quand même ! Je suis calé.

Je pense, comme les anglais, que nous sommes un peu perdus. Nous avons l’impression que cela fait des heures que nous avons quitté l’ermitage des Salines. Mais cela fait seulement une heure !

Nous avons vu des paysages espagnols superbes. Mais nous trouvons que ça commence à traîner. Jan, qui étudie la carte, nous dit encore 2 ou 3km et nous sommes au gîte ! Super ! Nous avons envie de le croire!

Nous repartons : il est 14h 15! Seulement! Deux cents mètres plus loin, une pancarte indique Las Illas vers le petit col. Nous finissons dans une châtaigneraie en descendant tranquillement. Nous sommes revenus en France sans nous en apercevoir!

Nous arrivons à Las Illas vers 15h 05. Nous débouchons juste à la terrasse d’un restaurant et nous retrouvons les couples de jeunes anglais d’hier qui discutent avec d’autres… anglais! Nous nous installons dans les fauteuils, et nos anglais nous paient une bière. Elle est fraîche: ça passe bien!

Nos amis anglais veulent prendre une chambre d’hôte à l’hôtel. C’est complet ! Ils vont donc venir au gîte avec nous ! Je confirme nos places au resto pour ce soir, +2 à la table des randonneurs.

Les deux jeunes anglais sont repartis sur le GR pour être à l’heure demain, pour prendre leur bus ! Nous descendons 50m plus bas, à côté de la mairie, au gîte.

Il y a déjà deux jeunes français qui arrivent des Ouillats. La gérante arrive, appelée par Jan et l’anglais. Elle commence par rouspéter après les deux jeunes qui n’ont pas passé la serpillière après avoir pris leur douche ! On a intérêt à laisser tout nickel!

Nous nous installons, et je laisse mon tour pour la douche. Je commence à écrire. L’orage qui grondait, depuis un moment, se rapproche, et ça devient tout noir. Je vais voir à la cabine qui est juste à côté. C’est un téléphone à pièces ! Retour au gîte pour prendre mon porte-monnaie.

J’ai Tophe au bout du fil et lui donne des nouvelles du jour. Il se met à grêler au même moment, et il l’entend dans le téléphone .Bisous à ce soir. Puis je prends une bonne douche et fais un peu de lessive.

Ensuite, j’écris le compte-rendu de la journée. Les deux jeunes filles d’hier arrivent à leur tour. Elles veulent camper plus bas. L’orage gronde. 1/2 heure plus tard, il pleut. Je rentre le linge et les 2 jeunes filles reviennent. Elles resteront au gîte ! L’anglais nous fait un café.

Il fait beau, je ressors mes affaires ! Cela m’étonnerait que cela soit sec demain!

L’un des jeunes qui vont vers Mérens me demande des tuyaux sur la route. Il n’a que le Topo et c’est un peu juste.

Puis, un autre couple de français, que nous avons croisé à Py passe dans la rue. Ils ont une chambre d’hôtel plus bas. Eux aussi vont sur Ouillas et Banyuls. Il va y avoir du monde sur le chemin les jours prochains !

Je vais me préparer pour le repas .Il est 19h20. Nous nous retrouvons tous les 5 à la même table. Le dîner est amical et nous essayons de nous comprendre tous. Les anglais font même un effort pour parler français.

Nous sommes bien dans cette grande salle très décorée, très rustique, avec des tableaux, des animaux empaillés, pleins d’objets. Tout est en bois. C’est très joli ! Nous mangeons de bon appétit : crudités et charcuterie, gigot avec petits légumes et glace, plus vin ! Très bon ! Cela s’éternise un peu, et Jacomine tombe de sommeil.

Il est 21h 40, nous rentrons au gîte.

 

 

 

< Rétour >

 

 

 

 

Jour 55 : Mercredi 4 Août 2004 - (Las Illas – Chalet du col de l’Ouillat)

Ce matin, pas besoin de réveil. Les deux jeunes français qui partent vers l’Ouest se son levés à 6h 30 ! Et bien sûr, cela a réveillé tout le monde !

Les affaires que j’ai lavées hier sont encore un peu humides, elles finiront de sécher sur le bonhomme. Il fait très gris ce matin, et même quelques coups de tonnerre dans le lointain font penser que l’orage n’est pas encore parti.

Nous prenons le petit déjeuner.

Jacomine me prépare un grand bol de café et un gros bout de fromage. Je suis calé. Je passe ensuite au rangement. Les deux jeunes filles se secouent. Elles partiront sur nos talons.

Le parcours d’aujourd’hui est de 6h 25, mais il y a beaucoup de route et de chemin. Heureusement, il fait moins chaud. Il est 7h 20. Je me prépare. Je papote avec les deux jeunes filles, puis je mets les chaussures. A 7h 40, c’est le départ. Il fait très sombre, et ça grogne depuis ce matin.

Nous descendons la route vers le bas du village, et récupérons le GR 10. Puis, ça bifurque à droite en montant. C’est là que Claudie m’a laissé il y a deux ans pour ma deuxième journée. Nous montons la route en lacets pendant 3/4h, jusqu’aux dernières maisons de Super Las Illas, et prenons ensuite un chemin forestier, à gauche.

Il faut contourner le massif. Ça cogne de plus en plus fort, et quelques éclairs raient le ciel. Les grondements roulent au-dessus de nous. Nous avançons bien tous les cinq, sur un chemin praticable, qui monte et qui descend. Nous passons le col du Figuier, à 685m.

Le sous-bois à gauche empêche toute vue. C’est dommage, car nous dominons la vallée à gauche, et cela devrait être superbe. Nous formons une colonne muette qui se dépêche pour échapper à la fureur du ciel.

A un moment, nous pensons que l’orage tourne et s’éloigne. Mais, il revient et au moment où nous atteignons la forêt, c’est le déluge. On s’arrête rapidement pour protéger les sacs et se couvrir. J’ai sorti le parapluie. Ça pète de tous côtés, il pleut à verse !

Cela dure une bonne demi-heure : nous marchons les uns derrière les autres, la tête dans les épaules, en pataugeant dans les petites mares qui se forment. Puis, l’orage s’éloigne vers la vallée. La pluie cesse. Mais les flaques sont toujours là!

Nous sortons de la forêt et passons à côté d’une prairie où j’avais vu des sangliers, il y a deux ans. Nous longeons la ferme construite au bout du monde : les chèvres sont toujours là et les chiens aboient. Nous ne voyons personne.

Pendant 1h et demie, nous filons sur ce large chemin empierré, avec des ronces de chaque côté, porteuses de centaines de kilos de mûres encore toutes vertes ! Dommage !

A certains moments, pour un arrêt pipi, ou remettre un lacet de chaussure, ou enlever une cape, le groupe se scinde en deux ou trois, car je suis souvent au milieu. Puis, le groupe se reforme plus loin.

Nous descendons maintenant régulièrement. Il y a beaucoup de pierres et il faut être prudent. Ce n’est pas le moment, si près du but final, de se tordre une cheville, ou pire !

A la borne frontière 565, au col Del Priorat, à 459m, nous faisons un arrêt photo de famille !

Nous quittons ce large chemin pour un petit sentier qui pendant 20 minutes serpente dans une ancienne plantation de chênes liège. Toute la montagne en est couvert jusqu’au Perthus.

Nous revenons sur le chemin, et nous croisons notre première maison habitée. Plus loin, sur la colline, dominant la vallée du Perthus, le fort de Bellegarde surplombe les environs.

Nous apercevons aussi, au loin, de l’autre côté de l’autoroute, une sorte de pyramide : photo, le topo indique qu’elle a été bâtie par le célèbre architecte Ricardo Bofill.

Les anglais, tout à l’heure, ont dit qu’ils préfèreraient aller tout de suite au Perthus pour faire des courses, plutôt que de s’arrêter manger. OK ! Mais, j’ai une autre idée en tête….

Comme je suis déjà passé là, je sais que, quelques centaines de mètres avant le pied de la colline où est construit le fort, il y a des ruines d’un site romain, les ruines de Panissars, par où passait une voie de communication entre la Gaule et l’Espagne, la Via Domitia.

Je leur propose deux minutes d’arrêt pour regarder. En fin de compte, le temps de lire les panneaux nous parlant d’Hannibal et de Pompée, de monter les marches pour observer l’ensemble des vestiges de plus haut, nous nous sommes arrêtés 20min.

Nous avons le temps de sortir quelques gâteries : j’offre à chacun un twist, Jan donne des pruneaux, et Jacomine des cacahouètes. En fin de compte, nous avons quand même repris quelques forces!

Nous repartons, et aussitôt après, nouvel arrêt au petit cimetière militaire du XVIIe siècle, qui est très bien entretenu.

Nous prenons la route du fort de Bellegarde, construit par Vauban en 1676. Nous laissons à droite la route du fort, et redescendons vers le Perthus. Avant de voir les maisons de la ville, on entend de loin les grondements de la circulation sur l’autoroute.

Puis, c’est le col du Perthus, la ville, à 290m. C’est toujours la folie ! On se croirait sur le quai d’un port du XVIIIe siècle avec des gens déchargeant les navires revenant de l’Orient. Les cartons ont remplacé les tonneaux ! Il n’y a pas une personne qui n’a pas sa caisse, ses sacs, son paquet, son caddy ou son carton! C’est fou !

C’est plein de voitures partout, les unes derrière les autres, on se bouscule sur les deux trottoirs, et même sur la rue. Des milliers de fourmis dans cette fourmilière !

Nous nous arrêtons à une terrasse à l’ombre. Jan paie sa bière et Joyce me donne la moitié de son sandwich américain. Sympa! Puis, l’anglais et Jan vont faire quelques provisions : je les accompagne. Les femmes gardent les sacs à dos. Je prends une boisson pour la route. Nous retournons finir de nous reposer.

.....

Nous repartons. Nous passons sous l’autoroute et attaquons la montée. Je suis en queue de peloton, et monte doucement. Les hollandais font de l’eau à la source. Je prends la tête et donne le rythme. 1km, 2km, 3km… Une pause! L’anglaise a un peu mal au ventre.

Nous repartons plus doucement. Après 4,5km, de bitume interminable, le GR 10 prend à droite dans la forêt. Le sentier monte fermement vers Saint Martin d’Albère, à 631m. Pas de petites prunes mures cette année.

Nous laissons la grande chapelle et continuons. Ça commence à tonner encore. L’orage revient et quelques minutes plus tard, des gouttes commencent à tomber.

Légèrement d’abord, puis l’orage craque ! C’est le deuxième de la journée!

Nous montons vers le col Dell Rat. Nous peinons. Il pleut assez fort. Jan et Jacomine se sont arrêtés pour remettre leur anorak, et sont maintenant derrière. Je suis les anglais, qui sont toujours en bras de chemise ! Sur le chemin, je ramasse un petit sac de nylon jaune : quelqu’un a du le perdre! Les anglais, devant moi, partent tout droit : le GR prend à gauche : je les rappelle.

Tout le monde se regroupe, et nous finissons le trajet jusqu’au refuge sur un chemin horizontal dans la forêt. La pluie cesse.

Nous arrivons enfin au chalet restaurant, nous sommes à 936m. Nous venons quand même, depuis le Perthus, de monter 646m ! Il est 15h 15. Bien que fatigués, nous avons marché bien plus vite que le topo !

Nous posons les sacs dehors, et entrons dans le restaurant. Les anglais paient leur bière. Nous papotons en attendant que la pluie cesse, et on nous conduit au gîte, 10m plus bas. Nous nous installons. Les deux anglais prennent un petit dortoir, nous dans le grand.

Le couple de jeunes français qui était en chambre d’hôte hier soir, est déjà arrivé. Ils sont partis à 6h 30, et nous ont vu du fort dans les ruines romaines.

Nous discutons et chacun prend sa douche. Puis j’écris. Des irlandais et leur fille, qui étaient eux aussi à Las Illas en chambre d’hôte, et que nous venons de rencontrer sur la terrasse, arrivent. La jeune fille va s’installer avec nous, nous serons 6 ! Ses parents se retrouvent avec les deux anglais !

Nous discutons et regardons quelques souvenirs sur mon appareil photo. Lorsqu’il est tombé l’autre jour, je l’ai mis à côté du sac, j’ai eu ensuite deux taches blanches sur l’image ! A voir !

Puis, c’est l’heure du repas. Je n’ai fait aucune lessive aujourd’hui car j’ai peur que cela ne sèche pas et soit encore trempé demain matin. Le temps est toujours très humide.

Le repas est assez animé : entre deux anglais qui essaient de parler doucement pour que je comprenne, et c’est dur, et deux hollandais qui essaient de traduire pour que je comprenne mieux, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas ! Nous rigolons même de certaines plaisanteries!

Nous sommes les derniers dans la salle. Il est 21h 30, le repas était excellent : assiette de charcuterie variée, sauté de veau que nous n’arrivons pas à finir, et glace. Jan a payé sa bouteille de vin, puis l’anglais a remis ça !

Nous prévoyons notre départ, le dernier, pour 7h 30 demain matin, car la journée est longue au topo : 7h 20 ! Avec quand même un bon dénivelé !

La météo sur le journal local prévoit une amélioration. Nous réglons tout ce soir, et revenons au gîte. Je finis d’écrire pendant que chacun se prépare pour la nuit. Demain, c’est le dernier parcours pour rejoindre la Méditerranée.

Je n’en reviens encore pas d’être si prêt du but, et que cela va s’arrêter. J’ai à la fois hâte d’arriver, pour dire : ça y est je l’ai fait, et pour retrouver tout mon petit monde, et j’aurai pu aussi continuer ainsi pendant encore des jours et des jours, à avancer avec notre petite troupe !

 

 

< Rétour >

 

 

 

 

Jour 56 : Jeudi 5 Août 2004 - Dernière journée ! - (Refuge de l’Ouillat – Banyuls sur mer)

Ce matin, la jeune anglaise, qui dormait dans le dortoir avec nous, s’est levée à 6h ! Avec ses parents, ils prennent le GR 10 très tôt. Je traîne jusqu’à temps que la montre sonne à 6h 30. Ce n’est pas la peine d’être à attendre à la porte de la petite salle de bain.

Jan et Jacomine ont commencé à bouger. Un coup sur la bouille rapide, je ramasse mes affaires et range tout dans mon sac. Tout le monde s’active. Les deux jeunes français, Nolwen et Raphaël ont plus de mal, mais ils ont décidé de faire route avec nous, pour ce dernier parcours.

Ça y est, c’est le DERNIER JOUR, l’ultime course dans les Pyrénées, pour cette année ! Le 56e jour ! Je n’y crois pas, et pourtant la date est bien réelle : jeudi 5 août ! Col de l’Ouillat – Banyuls sur Mer !

A 7h pile, nous sommes au petit déjeuner, tous les 5, les deux anglais et mes deux compagnons. Très copieux ! Je laisse la moitié de ce que j’aurai pu manger, en temps ordinaire. - Je ne suis pas anxieux, mais je ressens comme une effervescence intérieure : c’est le dernier jour!

Passage aux WC. On se prépare. Les deux jeunes qui déjeunaient au gîte, arrivent.

Nous sommes prêts, et à 7h30, nous sommes tous sur le GR 10.

Il faut passer le Pic Neulos. Ce matin il fait frais et pourtant je n’ai pas mis ma veste. J’ai pris la tête de la colonne et même un petit train de chauffe. Nous démarrons à 950m et le pic Neulos est à 1250m, en gros 300m de dénivelé à grimper, un peu moins. Déjà ça s’étire derrière. Je ralentis un peu. Le vent souffle dans les grands pins. Nous sommes encore à l’abri. - Nous rejoignons l’ancien GR, qui avant n’allait pas jusqu’au gîte. Regroupement. Nous passons dans la hêtraie.

Jan a pris la tête au bout d’1 /2h. Nous sortons de la forêt, et chacun s’arrête pour se couvrir, sauf les anglais qui disent que c’est un temps d’été très britannique ! Sauf l’an passé où le thermomètre est monté à 30° à Londres, chose qui n’était pas arrivée depuis un siècle, peut-être !

Tous les 7, nous suivons maintenant la clôture de fil de fer barbelés qui marque la frontière franco-espagnole, et que, pendant plus de trois heures, nous allons suivre de plus ou moins près.

Nous sommes maintenant dans les nuages. Il fait frais. Je supporte très bien ma veste de survêtement ! C’est exactement le même temps qu’il y a deux ans ! Claudie me passe un coup de fil. Bisous matinaux. Tout va bien.

Les anglais sont devant, et moi derrière. Le restant de la troupe traîne en arrière. Il fait très frais, il y a du vent. Nous ne voyons pas très loin: attention aux marques!

Nous suivons la frontière. Il y a une éclaircie sur la droite qui nous permet de voir la Méditerranée côté espagnol. Chouette vue !

Au Pic Neulos, il y a de grandes antennes de télécommunication. Nous ne pouvons rien voir à cause des nuages ! Il fait désormais un vent violent qui nous force parfois à faire un écart ! L’altimètre nous dit qu’il faut encore monter jusqu’à 1240m, un peu en dessous.

Enfin, nous nous regroupons sous les installations, sur le petit rond point, là où Claudie m’a laissé il y a deux ans, lorsqu’elle m’a monté en voiture. Sur le côté, le vent est un peu moins fort. Nous finissons par contourner le pic, et commençons à redescendre dans la forêt de l’autre côté. Il fait plus doux.

Par moment, de grandes trouées permettent de voir le versant espagnol. C’est super beau : nous voyons alors très loin. Nous descendons toujours, maintenant nous marchons plus dans les buissons que dans la forêt. Nous croisons un captage d’eau, puis continuons sur la crête. Nous longeons toujours les fils de fer barbelés de la frontière qui sont tantôt debout, tantôt couchés.

Nous arrivons à la cabane refuge du CAF de la Tagnarède, à 1045m, non gardé : personne ! Nous espérions trouver les deux jeunes filles d’hier. Elles ne sont pas là. Donc, elles ont dû rester côté Perthus ! Nous filons, après un coup à boire. Le temps se dégage de plus en plus, et malgré le vent, il fait plus doux.

Devant nous et sur la droite, le panorama est magnifique côté Espagne.

Nous reprenons la forêt, puis les crêtes, puis la forêt. Nous attaquons la 2e difficulté de la journée : un petit dénivelé de 250m : un rien ! La principale difficulté est de trouver son chemin sur cette herbe rase. Peu de marques sur les cailloux qui dépassent. Mais, à nous tous, nous nous en sortons très bien. Il y en a toujours un qui a un œil dans la bonne direction et aperçoit une marque. Nous nous regroupons au sommet. A l’abri du vent, nous buvons un coup. Jacomine peine dans les montées. Puis, la crête franchie, nous descendons de l’autre côté, plus facile. Nous marchons souvent juste au-dessus de la forêt, près de la clôture, parfois dans la forêt, juste sous la lisière.

A un moment, je suis resté en arrière pour faire des photos. Alors que je me hâte, bêtement comme ceux de devant, sur le sentier, je rejoins tout le monde qui a fait halte : plus de marque de GR !

Chacun cherche. Je descends d’un côté, les autres de l’autre. Jan a trouvé vers le haut. Moi, j’étais tout en bas ! On se rejoint après 5 minutes. Nous allons faire halte pour reprendre des forces au sommet du Pic des Quatre Termes. Les anglais distribuent du twist, les français du nougat et Jan des cacahuètes ; moi je donne un carré de chocolat à tous. On est calé.

Nous repartons. Nous avons un dernier petit col à franchir.

Nous montons pendant un bout de temps dans la hêtraie. L’altimètre ne marque toujours pas les 1150m demandés !

De temps en temps, nous redescendons un peu. Enfin, ça passe et nous parvenons au col. La vue depuis le premier pic est magnifique de chaque côté : côté français et côté espagnol.

On domine de plus de 1000m la côte méditerranéenne, qui semble à deux pas. Nous voyons, je pense, à des dizaines, voir des centaines de kilomètres.

J’ai l’impression de voir la courbe de la côte de tout le Roussillon jusqu’aux Cévennes.

J’espère que les photos rendront ! Nous commençons notre descente. Nous avons un peu plus de 1000m de dénivelé jusqu’à la mer!

Nous pouvons voir Banyuls, Port Vendres et d’autres petits ports de là-haut!

Je passe un coup de fil à Claudie pour lui raconter ! Il est 12h 30. Nous descendons dans la pierraille et les ronces, avec de temps en temps, des îlots de chênes verts qui nous offrent de l’ombre.

Nous décidons d’un arrêt pique-nique. Jan qui avait repris la tête nous a trouvé un endroit à l’ombre, avec des pierres pour s’assoir, et une belle vue. J’ai une boîte de salade mexicaine. Jacomine me donne un yaourt et Raphaël un morceau de nougatine. Calé ! J’ai mis les pieds à l’air, ça fait du bien.

Après 40min, nous sommes repartis. Le restant du parcours va être en plein soleil ! Encore 300m de descente dans la pierraille, et nous arrivons au chemin horizontal : le chemin de l’eau, un sentier en balcon très joli.

Les genoux ont tenu. J’ai mené un petit train dans la descente, puis comme je prends des photos, j’ai passé le relais à Jan. Il avance rapidement, et parfois distance les autres derrière.

Ce sentier, quasiment horizontal à flanc de montagne, descend légèrement, car il suit une conduite d’eau, genre aqueduc, en dessous. On entend l’eau courir à certains regards, sous des plaques de rochers. Nous nous regroupons.

Nous avons une dernière petite montée de 70m, jusqu’à un petit col, le col de Fourmigou, à 488m, en pleine chaleur. J’ai ouvert mon parapluie à de nombreuses reprises, mais à cause du vent assez fort par endroit, j’ai dû aussi le fermer souvent. Au dessus de nous, sur le sommet de la colline, se dresse la tour de Madeloc.

Nous apercevons maintenant le col des Gascons que nous atteignons.

Ça descend doucement : il fait très chaud. Nous avons une vue sur Banyuls en contre bas.

Nous sommes encore à 386m ! C’est la route : parking et passage de véhicules.

J’ai repris la tête, et avance régulièrement. Nous nous regroupons 1/2h après le col, où nous faisons halte 5 min. Nous estimons qu’il nous reste encore 1h et demie pour atteindre la ville. Il est 15h lorsque nous repartons. Nous avançons par groupe, et papotons, car nous sommes encore sur la route.

Puis, nous prenons un chemin à droite, ensuite un sentier qui coupe en lacets dans un bois. Une petite source nous permet de nous rafraîchir le visage et les membres. Enfin, nous parvenons dans les hauts de Banyuls, dans les vignes et les amandiers.

Quelques mûres sur le bord du chemin nous régalent, puis, ce sont les premières maisons. Jusqu’au dernier moment, le chemin aura été périlleux, et même aux portes de Banyuls, j’aurais encore pu me tordre les chevilles. On voit que l’on est revenu à la civilisation car les bords de ce sentier, en descente, très mal entretenu, sont jonchés de papiers et de détritus !

Ça y est, nous sommes sur la rue, et entrons dans la ville. Je me sens un peu fébrile : ce sont les dernières minutes, les derniers mètres, comme si le moment était historique !

Quelques rues plus tard, nous débouchons ensemble sur la place et le remblai : la Méditerranée est bien là au rendez-vous ! Il est 16h 35 ! Nous y sommes !

Nous posons nos sacs et contemplons l’objet de notre rêve depuis de nombreux jours : la Grande Bleue ! Ça y est, 56 jours pour rallier l’Océan à la Méditerranée, avec trois jours de pause à Cauteret, soit 53 jours de marche. Je suis là, je savoure cet instant, et n’en reviens pas : je l’ai fait !

I     HAVE   DO   IT !!!!!!

(56 – 33)

Et je suis sans doute pas prêt de le refaire de si tôt !

Nous nous installons à la terrasse d’un café, et l’anglais paie la bière pour nous 7. Nous voyons une marque de GR 10 sur un poteau à côté de nous. Je vais voir un peu plus loin pour voir où les marques s’arrêtent.

Je tombe sur le couple d’irlandais et leur fille Elisabeth, celle qui a dormi dans le même dortoir que nous. Ils ont retrouvé un autre irlandais, qui était aussi à Las Illas et qui ressemble à Sean Connery. -

Ils sont contents de nous voir. Ce matin, ils sont partis une heure avant nous ! Ils me disent qu’il y a une plaque à l’hôtel de ville, juste de l’autre côté de la rue. Ils vont dire bonjour aux autres. Effectivement, maintenant je m’en souviens, j’avais attendu Claudie devant cette plaque.

Je préviens tout le monde, et nous faisons des photos souvenirs devant la plaque marquant la fin du GR 10, ou le départ, ça dépend dans quel sens on le prend !

Puis, les trois couples, qui couchent à Banyuls ce soir, décident de rejoindre leur hôtel pour aller se rafraîchir. Ils constatent que c’est le même ! Drôle ! Pendant ce temps, je vais aller à la gare retirer mon billet de train pour Nantes. J’ai un train à 20h 51, avec un seul changement à Montpellier. Encore mieux que le plan !

Je mets 5 min pour revenir sur la place. On s’est donné rendez-vous à 18h. Je reviens à la même terrasse. Je prends une bière et écris. Les gens des Pyrénées orientales, que nous avions rencontrés à Mérens et qui nous avaient promis de venir nous accueillir ce jour entre 17 et 18h, ne sont pas passés. Tant pis !

A 17h 45, Jacomine et Jan arrivent. Jan me demande si j’ai pris un bain, comme on l’avait dit. Non ! Je ne pouvais pas laisser mes affaires sans surveillance. Jacomine dit qu’elle va rester ici, à attendre les autres.

Tous les deux, nous voici sur la plage de galets, et en moins de deux minutes nous sommes à l’eau. Elle est super bonne ! Nous nageons ensemble jusqu’au ponton. Un petit plongeon, et nous revenons tranquillement. 18h sonnent !

Jacomine est venue nous voir car les anglais sont arrivés et surveillent les sacs. Elle nous prend en photo.

Je reviens torse nu, avec mon short, et vais me changer dans les WC du café ! J’ai enlevé la poussière et la sueur. Peut-être pas toute la crasse de 56 jours, mais je me sens plus propre.

Nous papotons en attendant 19h, l’heure du début du service. Jan paie une bière ! Puis, nous passons tous les 7 à table, les deux français nous ayant rejoint.

C’est la fête ce soir ! Je me fends d’un menu royal à 19,50€ ! Salade de gésier et lardons, magret sauce au Banyuls et crème catalogne. A nous 7, nous finissons 3 litres de vin rouge !

Mon alarme sonne quand nous payons l’addition. Les anglais et les hollandais veulent m’accompagner à la gare. Nous marchons bon train ! Nous arrivons quelques minutes en avance. Au revoir tout le monde, bonne chance et à bientôt ! Le train débouche dans la courbe.

Pas de chance, le train arrive voie 2, de l’autre côté, et nous, nous sommes voie 1 !! Je n’ai pas le temps d’aller jusqu’au passage de voies et de passer de l’autre côté !

J’attends que le train s’arrête, descends sur la voie, et traverse les rails pour monter à contre voie. Ça fait plus haut ! En passant la porte, une de mes chaussures accrochées à mon sac, tombe par terre sur le ballast ! Jan descend sur la voie et me la ramasse!

Je fais au revoir de la main, mais le train ne démarre pas ! Sur le marchepied de l’autre wagon, le contrôleur me crie de fermer la porte ! Eh oui, système de sécurité oblige!

Ça y est, le convoi s’ébranle, je suis dans le bon train ! Au revoir tout le monde ! J’espère revoir Jan et Jacomine un des ces jours…

Bon, maintenant, il faut que je trouve la voiture 18 : c’est écrit sur mon billet. Je suis actuellement dans les couchettes de Metz ! Un agent passe et me conduit dans les autres wagons avec son passe ! Je tombe sur le, non, la contrôleur qui me reconnaît.

Je m’excuse pour ma manœuvre de tout à l’heure, mais lui explique que je ne pouvais pas faire autrement sans rater mon train! Elle me composte mon billet, et me rappelle quand même certaines règles de sécurité que j’ai transgressées ! Merci pour la leçon, je m’en tire pas trop mal !!

Et l’agent me conduit à la voiture 18, où je m’installe, à la place que je veux car pour l’instant je suis tout seul dans le wagon ! Je récupère un peu et savoure le moment. Je peux maintenant décompresser un peu ! Puis, j’écris.

....

C’était une très, très bonne journée. Demain, je vais revoir tout mon petit monde. Super ! Je suis quand même un peu fatigué, et je crois que je vais bien dormir jusqu’à Nantes ! Le train arrive à 9h 05.

Bonne nuit à tous. - Je vous aime, et vous le dirai demain !

Vous me manquez, et j’aurais quand même aimé que fussiez tous là, à Banyuls, pour m’accueillir sur la plage !

C’était 56 jours de pur bonheur ! Mais le plus grand est encore à venir : celui de vous serrer tous dans mes bras, et … de vous raconter mes exploits !

 

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'

(Christian, l’homme au parapluie, le vendredi matin, en gare de Nantes, le 6

août 2004, content de retrouver les siens !)

 

 FIN

DE

 L’AVENTURE PYRENEENNE

 GR 10 -  2004

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